Oblomov, une représentation redoutablement efficace mais sans puissance

Une atmosphère onirique est installée par la projection de variations visuelles sur le rideau de scène. C’est une ambiance de boîte à musique qui est délicatement disposée autour du personnage principal campé sur son divan. Sur le sol jonché d’images mentales entremêlées, des pas semblent conduire au hasard un esprit perdu. Entre Oblomov et son domestique Zakhar, les rapports ne s’instaurent que sur le mode problématique. Le duo campe bien le propos, qui aura du mal à dépasser le cadre de ce dialogue plaisant. Les ressources de la vidéo sont pourtant bien mobilisées et conjuguées de façon le plus souvent efficace avec le jeu de scène, même si un temps elles paraissent même le supplanter, pour constituer une ébauche de représentation cinématographique.

 

Volodia Serre, faisant reposer le propos sur un jeu d’acteurs efficace mais monolithique, présente son adaptation comme une comédie. Faute d’ambigüité, le propos perd en intensité dramatique ; la puissance critique du personnage de Gontcharov est occultée ; ses aspects affectif, négateur, cynique s’estompent devant l’impeccable composition d’inénarrable dormeur de Guillaume Gallienne. Marie-Sophie Ferdane, qui joue son amoureuse, ne pourra à terme qu’avec peine et grâce à un jeu savant donner une consistance au personnage. A la limite, cet anti héros est présenté comme un cas pathogène, qui tend à se nourrir de la reconstitution des tableaux d’un bonheur familial perdu. Trop souvent les répliques prennent une tonalité ridicule. Tout juste si la confrontation avec son ami esquisse un conflit de génération, et même de civilisation. Il en reste un théâtre d’ambiance, d’images et de climat bien sentis, souffrant d’un manque d’ambivalence. Paradoxalement, on assiste à une représentation redoutablement efficace mais sans puissance.

 

Christophe Giolito

 

Oblomov de Ivan Alexandrovitch Gontcharov

Mise en scène et Adaptation Volodia Serre

Avec Yves Gasc, Céline Samie, Guillaume Gallienne, Nicolas Lormeau, Marie-Sophie Ferdane, Sébastien Pouderoux

 

Traduction André Markowicz

Assistante à la mise en scène Pamela Ravassard

Scénographie Marc Lainé

Vidéo Thomas Rathier

Costumes Hanna Sjödin

Lumières Kévin Briard

Réalisation sonore Frédéric Minière

 

Du 7 mai au 9 juin 2013 – Du mercredi au samedi à 20h – Dimanche à 16h – Mardi à 19h

 

Représentations au Théâtre du Vieux-Colombier

21 rue du Vieux Colombier75006 Paris

Métro : Saint-Sulpice

Réservation : 01 44 39 87 00

 

Mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi

attention horaire exceptionnel le samedi 8 juin à 16h

Prix des places : de 8 € à 29 €

Renseignements et réservations : au guichet du théâtre du lundi au samedi de 11h à 18h, par téléphone au 01 44 39 87 00/01, sur le site http://www.comedie-francaise.fr

 

Le texte dont la pièce est adaptée est paru aux éditions Le livre de poche en 1999 :


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