Noyau de lune. Viviane Campomar. Editions Le Nouvel Athanor, 2016. 15 € .
Certains poètes font le deuil de leurs proches avec qui ils ont partagé de l’amour et de la joie , je pense à Valérie Rouzeau et à son Pas revoir ( Editions La petite vermillon ), pour le deuil de son père, et à Laurence Bouvet et son Comme si dormir ( Editions Bruno Doucey), pour le deuil de sa mère. Viviane Campomar elle fait le deuil de son enfance et de son adolescence et tue par ses mots le personnage de sa mère non-aimante, même si elle écrit le contraire en citant un vers célèbre de Hugo ( Abel je te supplie / je n'ai jamais tué ma mère ), comme le souligne la préface éclairante de Martine-Gabrielle Konorski. Elle fait le deuil d’elle-même, de sa jeunesse, pour mieux pouvoir renaître aujourd’hui en quelque sorte. Poésie de la maltraitance et de la résilience, poésie de la violence subie, de la suffocation et de la respiration. Poésie de la terreur nocturne et de l’adolescence pourrie ( je reprends des mots de son livre ) qu’heureusement la musique classique et la littérature adoucissent et que l’amour de sa famille aujourd’hui, a réussi à faire oublier. Elle dit cela dans des poèmes souvent brefs, où l’essentiel est dit en quelques vers.
Un extrait :
Dormir
dormir est ton voeu le plus cher étouffer l'anarchie des pensées comme on éteint l'incandescence d'un foyer meurtri oublier l'excitation des journées heureuses la griffure d'une enfance à vif s'abandonner à la cantilène des grillons
blanchir dans l'étirement des heures dormir à la mort à la vie
NB : chronique lue par Eric Dubois dans l'émission radiophonique Le Lire et le dire sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 fm http://rfpp.net ) le 18/11/2016 avec lecture par Eric Dubois des poèmes de Viviane Campomar : L'oeil de Caïn, Dichterliebe, L'adolescence pourrie, L'enfance a fondu.
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