Great Pacific, tome 2 - Fondation

Dans le premier volume, nous avons fait la connaissance de Chas Worthington, richissime héritier de la familière Worthington, qui a entrepris de fonder une nouvelle nation sur le grand vortex du Pacifique, un immense tas d'ordures flottant. Dans ce deuxième volet, l'histoire reprend quelques mois plus tard, alors que les premiers colons de « Nouveau Texas » viennent tout juste de s'installer. Chas Worthington ne pourra compter que sur son astuce et sa fortune pour affronter les autochtones, l'entreprise de son père, et le gouvernement américain… Et qui sait quelles horreurs rôdent sous cet étrange continent de déchets plastiques ?


Le tome 1 de Great Pacific s'était avéré assez déstabilisant. De part son pitch de départ, on aurait pu s'attendre à une fable écologiste. Joe Harris, le scénariste, a un peu pris tout le monde à contre-pied avec cette fiction terriblement originale. Mais Great Pacific sortait finalement tellement des sentiers battus qu'une fois refermé le premier volume on avait encore du mal à comprendre là où Harris voulait nous amener. Bref, la série devait encore prendre ses marques. C'est choses faites avec ce deuxième album, qui achève de poser les bases de cet univers particulier.


L'album démarre par une grosse ellipse de Joe Harris, qui ne prend ni le temps ni la peine de nous expliquer comment Chas a pu installer aussi vite des colons. Du moins à première vue, car si on prend la peine de s'attarder sur les planches précises et détaillées de Martin Morazzo, on découvre certains détails qui répondent à ces questions. Une manière de la part d'Harris de nous faire comprendre qu'il ne va pas s'attarder sur cet aspect de l'histoire.


Une bonne partie de ce tome est consacré à certains autres détails pratiques. Comme par exemple les efforts que Chas Worthington déploie pour faire reconnaître son tout jeune pays par d'autres nations : cela passe par des alliances plus que délicates avec des pays douteux d'Afrique ou une déclaration devant les membres de l'ONU. Autre point abordé : l'ancrage du tas d'ordures au fond marin via une technologie de forage. C'est un aspect un peu étrange de l'histoire mais qui va permettre à Harris d'introduire un nouveau personnage, le chef de Green-X, des militants écologiques, dans une référence à Jules Verne fort bien amenée.


Ce tome 2 de Great Pacific m'a rassuré, dans la mesure où maintenant, aussi originale que soit la série, on comprend un peu mieux où les auteurs veulent nous amener. C'est une série qui ne ressemble à aucune autre, et cela fait, à mon avis, partie du plaisir. Le style de Martin Morazzo tranche radicalement avec ce qu'on peut lire généralement dans un comic book (cela me fait plus penser à du franco-belge), et là aussi cette originalité joue en faveur du titre. Great Pacific est une série étonnante, qui pour le moment parvient à attiser ma curiosité. Maintenant, tout va quand même se jouer dans le dernier tome, et la conclusion de l'intrigue. J'espère que Joe Harris prépare un final étourdissant. D'ici là, si vous cherchez un titre d'anticipation un peu neuf, avec des thématiques inhabituelles, Great Pacific mérite toute votre attention.



Stéphane Le Troëdec




Joe Harris (scénario), Martin Morazzo (dessins)

Great Pacific, tome 2 - Fondation

Édité par Les Humanoïdes associés (28 octobre 2015)

Collection Comics

160 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

14,99 euros

EAN : 9782731664676

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