286 jours d’amour impossible (et inutile) entre Frédéric Boilet et Laia Canada


On le sait pertinemment, soit les histoires d’amour finissent mal (en général), soit l’amour ne dure que trois ans. Pourtant, nous sommes d’incorrigibles optimistes, ou d’éternels rêveurs, ou pire encore, victimes de nos pulsions, pour ne pas dire nos hormones en fusion, notre corps dominateur que notre esprit ne parvient pas à juguler. Et cela donne des dérives pathétiques, des histoires sordides, des amants maudits, des orgasmes explosifs… tout cela pour venir, une fois encore, une fois de plus, mourir et pourrir dans le sceau hygiénique du sentimentalisme.

 

Clap de fin que cet album percutant qui nous offre une belle leçon de lucidité par le biais du voyeurisme du lecteur, de l’exhibitionnisme des protagonistes, du mercantilisme de l’éditeur qui nous livre un album de photos intimes accompagné de quelques mots, mails, recettes, pour donner l’impression d’un roman photographique, comme il se présente. Mais en réalité c’est bien de la chronique d’un naufrage dont il s’agit…

 

Une nymphette, étudiante espagnole, s’éprend d’un artiste qui revient d’Asie, avec une petite notoriété. Les deux s’enflamment : lui pour une chair fraîche qui stimule ses derniers spermatozoïdes en mal d’aventures, et son ego ; elle pour un complexe d’Œdipe mené à terme. Ils baisent, mangent, s’isolent pour roucouler, se regardent, se prennent en photo, se disputent, s’aiment derechef, se montrent dans leur plus simple appareil (on aurait pu s’éviter certains clichés) et tout cela pour quoi ?

Pour finir comme cela était prévisible : dans le mur !

 

La question qui s’impose : cela méritait-il une messe ?

 

François Xavier

 

Frédéric Boilet & Laia Canada, 286 jours, album cartonné 216x154, Les Impressions Nouvelles, janvier 2014, 544 p. – 36,00 €

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