Joël Vernet et celui qui n'est pas parti

Le père de Joël Vernet disparu lorsqu'il était enfant tient lieu d'ange gardien.  Son livre prouve qu'hors lui la poésie du monde est sans pourquoi. Et le poète de préciser : En partant, mon père, sans le savoir, m'a transmis toute sa force, son génie d'homme invisible.

Dans une langue sans arthrose et au sein des fragments à angles obtus l'écriture ne sert pas de croc de boucher sinon pour y pendre une langue morte. Elle n’infuse donc pas dans la vieillerie mais propose une nouvelle forme de narration en un temps où la rapidité de lecture impose la forme la plus ramassée qui soit.

Il n’y a de place ici ni pour colis fichés ni pour verroterie. Narrateur intempestif, Vernet cultive les décalages, les effets retards comme les avancées. Le livre devient objet de perçage contre la peur que l’on se donne ou qui nous est donné. Chacun de ses textes est une relance à bras propre à provoquer le  plaisir du texte, cher à Barthes.
Le poème en prose y trouve une apogée. Au nom du père.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Joël Vernet, La nuit n'éteint jamais nos songes, Lettres Vives, novembre 2021, 72 p.-, 15 €

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