Il faut tuer Lewis Winter, dans les bas-fonds de Glasgow

Quand on vise plus haut, il faut faire bien attention à ne pas viser trop haut. Ainsi, le pauvre Lewis Winter, dealer de bas étages, encombré d'une Zara Cope,  qui n'est là que pour se faire couvrir de bijoux et se faire accompagner chaque soir par un nouvel amant devant le dealer qui ne sait pas gérer la situation et s'écrase jours après jours... Mais il a un plan : passer caïd à la place du caïd et trouver dans le rang social une personnalité qu'il n'aura jamais sinon... et donc, dans sa petite tête, le mieux est de s'allier à un autre boss et de renverser, Jamieson, le caïd local.

"Ça commence par un coup de fil. Une conversation anodine, familière, amicale, on ne parle pas affaires. Un rendez-vous est pris, en terrain neutre, un lieu public de préférence. Quels que soient l’interlocuteur et le lieu de rencontre, il faut rester prudent. Parer à toute éventualité, rien n’est acquis d’avance. On est tenté de faire confiance, mais c’est une erreur. Quelqu’un qui a été votre ami et votre confident pendant vingt ans peut vous lâcher en un clin d’oeil. Ça arrive. Tout être sensé garde en tête cette triste réalité ; les autres l’apprendront."


Tout s’accélère quand Jamieson engage un tueur hors paire, Calum Maclean, très froid et méthodique, amoureux du travail bien fait. Le meurtre de Lewis Winter, donc, ne va pas simplement arranger les affaires d'un caïd, il va créer une maelström dans lequel va s'engouffrer toute la pourriture jusque là contenue par un fragile équilibre de la médiocrité :  Zara Cope tente de profiter du meurtre mais elle tombe sur l'inspecteur lui-même impliqué dans des affaires louches... Rien n'est vraiment fait pour retrouver Calum qui, de son côté, fait son travail avec la sérénité la plus froide. C'est Calum qui focalise la narration avec une jouissance non retenue pour le lecteur.

Souvent très drôle, grinçant, et avec un ton qui surprend dans ce genre littéraire, une narration non émotive, blanche, Il faut tuer Lewis Winter, est le premier volet d'une série qui s'annonce pleine d'intérêt, ne serait-ce que pour les dessous d'un Glasgow bien sombre et attirant et la profondeur des personnages.

Loïc Di Stefano

Malcolm Mackay, Il faut tuer Lewis Winter, traduit de l'anglais par Fanchita Gonzalez Battle, Liana Levi, janvier 2013, 288 pages, 17 euros
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