Le regard de l'écrivain Serge Camaille sur les littératures du terroir.

Peau de lapin : Un roman social sur une France des 30 glorieuses

Peau de Lapin, publié chez Marivole, compte parmi ces romans qui, en  moins de 150 pages, restituent les vies d'une poignée de personnages pour comprendre le paradigme d'une époque. Serge Camaille y décrit la réalité sociale d’une famille d’un milieu populaire durant les 30 glorieuses. C'est une histoire qu'il faut lire sans préjugé, comme le témoignage de quelques décennies. Les  femmes étaient encore trop cantonnées aux tâches domestiques. L’alcool faisait partie du quotidien des hommes et y faisait des dégâts.

C’est l’histoire d’un peillerot, cet homme qui passait dans les villages avec une carriole attelée, voire "avec un triporteur à moteur ou encore avec une 203 plateau selon les époques, pour ramasser les peaux d’animaux, les ballots de vieux chiffons ou encore la ferraille en criant : Peau de lapin ! Peau !"

Lucien, le peillerot de Sancoins, un village entre Berry et Bourbonnais, est comme tous les jeunes hommes des années 50, il veut fonder une famille. C’est grâce aux annonces du Chasseur Français qu’il rencontre Madeleine, un grand classique de l’époque ! Lucien n’a guère fréquenté les bancs de l’école, mais il est travailleur. Il travaille à l’usine et fait le peillerot en plus. On le regarde comme un romano à Sancoins, mais il s’en fiche ; si ses peaux ne le sortent pas de sa situation sociale, au moins, il gagne de l’argent. Les plus belles peaux partent chez des tanneurs ou des fourreurs locaux, les autres sont destinées aux chapeliers…

Un jour de dédicace à Sancoins, Marie-Jeanne, la fille du peillerot  a raconté à Serge Camaille l’histoire de cette famille et lui a demandé de la compter dans un livre.

Serge Camaille s’appuie les souvenirs de Marie-Jeanne, sur sa propre connaissance de ce village où il a, lui aussi, grandit. Il  décrit la réalité le plus fidèlement possible, un peu à la façon d’un roman naturaliste. Cette  biographie est un vrai roman, mais aussi un document sur la vie de la France rurale de l’après-guerre.
Serge Camaille ne force pas le trait des personnages, il ne les noircit pas. Il propose un récit tranquille que certains pourraient regarder comme un réquisitoire. Mais il rapporte surtout une vérité pudique sur un milieu social et un territoire qu’il connait.

Consuelo

Serge Camaille, Peau de lapin, éditions Marivole, mars 2018, 144 p. - 16,09 euros

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