Louis Savary : sauve qui peut la poésie

Sous les derniers tercets et quatrains se révèle le goût indéracinable de Louis Savary pour la poésie aphoristique. La décision d'écrire ne se quitte pas. Néanmoins, au fil du temps, cette passion prend un sens particulier et désabusé.. Elle participe au caractère d'un dénuement caractérisé à l'épreuve du temps. Si bien que les mots créent un rébus du rebut qui nous replonge dans la vie du poète mais selon des modalités divergentes.

A travers ce nouvel ensemble tout va à vau l'eau et l'encre tant Savary pose comme préalable un doute quant au champ des possibles de la poésie. Comment y chercher encore ce qui résiste du réel et n'appartient pas au simulacre de l’image ? La partie semble de plus en plus dure à tenir. Non que les mots manquent au poète mais la grande échéance se dessine.
Il est donc temps de faire le point. Surgit, sous les jeux de mots, une confrontation temporelle causale exacte, rigoureuse, intime. Elle donne de la poésie une image quelque peu dérisoire de toute les comédies humaines - écriture comprise.

Savary n’a pas envie de mettre une aura supplémentaire ou surestimée à l’objet poétique. Celui-ci sert encore à balayer le temps sur une distance plus ou moins longue mais sans trop d'espérances sur son efficacité. Il s’agit néanmoins et tant que faire se peut, contre fortune connue et bon coeur, d’opérer une transformation dans le but que surgisse une forme de beauté dont la vérité existentielle est incontournable.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Louis Savary, Jeter l'encre, Les Presses Littéraires éditions, Saint Estève, avril 2019, 102 p., 15 euros

Aucun commentaire pour ce contenu.