Les migrations de Louise Glück

Dans ce livre de Louise Glück, le cycle des saisons se juxtapose sur celui de la vie et de la mort comme de la métempsycose à travers le personnage mythique de Perséphone. Dès lors  si le temps se transforme tout en glace il fait aussi refleurir les prairies et reparaître les étoiles reparaître. Parfois même  les champs brûlent et s’incendient. Ne restent  que des cendres.
C'est là une image rémanente dans l'œuvre où la poétesse mêle  au mythe antique des moments de sa vie et de son enfance.

Le livre dans ce dialogue de Glück avec elle-même pose la question du devenir femme et de savoir  comment la petite fille de jadis se quitte pour devenir une femme dans le lit d'un homme.
Le "je" qui s'énonce est donc multiple en une suite de voix décentrée qui interroge l'être au plus profond de lui-même. Si bien que le mythe de Perséphone est partout et "force" notre regard sur le réel.
Parfois ici Louise Glück se rapproche des poètes objectivistes américain mais pousse son investigation sur la descente, l’obscurité, la stagnation vers le royaume des morts mais aussi l'appel à une renaissance face au jour qui se lève et les saisons qui passent avec ou sans nous.
Et l'auteure de préciser : Voici le moment où l’on voit de nouveau / les baies rouges du sorbier sur la montagne /  et dans le ciel sombre / la migration nocturne des oiseaux.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Louise Glück, Averno, édition bilingue, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Olivier, coll. Du Monde entier, Gallimard, mars 2022, 176 p.-, 19 €
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