Ceux des aimés que la Vie exila...

Une fois passés, comme on aime à dire par ici en Provence, il est des poètes, des peintres et des écrivains, des artistes en tout genre à vrai dire, à qui il convient de tenir compagnie car le temps n'est alors, dame, trop souvent plus rien d'autre pour eux qu'une sorte d'absurde salle d'attente – quoique j'aie eu entendu parler de purificatoire – dans l'espoir de nouveaux publics...
Aussi, pour ma part, je tiens, comme ici ou là à ma façon, un peu la main à plusieurs à la fois, qui, depuis des décennies, sont toutes et tous très chers à mon cœur et à mon esprit, présences ! Cela me semble donc tout naturellement dû à chacun, à chacune en retour – On ne perd pas son temps en écoutant son cœur –, en gage d'amitié toujours vive et d'admiration itou !

Pourrais-tu me dire berger :
Toi tu les mènes, 
Mais qui nous mène ? 
demande gravement l'un d'entre eux dans son Tombeau pour un ami berger fauché jeune comme seigle vert.
Une autre, dans Le bois mort, interroge et s'interroge plus particulièrement :
Dites, lorsque m'auront ravieLes fardiers de l'éternité, 
Qui donc aimera fagoter
Sur l'emplacement de ma vie ?
Quant à ce peintre au bord de son centenaire, en un dernier regard étonné vers son œuvre pleinement accompli : Je me demande ce que tout cela va maintenant bien pouvoir devenir !
De celui-là, facteur-poète, s'exprimant alors in extremis : Je voudrais ne pas crever idiot ! Pouvoir aimer, encore, après ma mort ! sera le dernier mot.
Je ne suis pas mort ! proclame un autre encore, narquois, la tête haute, mon préféré.

André Lombard

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1 commentaire

Cher André,

Vous les accompagnez avec tellement de sensibilité pour qu'on ne les oublie pas !
Merci à vous,


Amicalement,
Florence