Lucienne Desnoues : la vie, la mort, la poésie, et la présence des violettes

Ce cher Jean Mogin !
Le poète est ici portraituré chez lui à Montjustin, à La Ferrage, le 4.V.1985, par son amie la photographe Nicole Hellyn. Un an plus tard seulement, le 7 avril, il s'éteignait à Bruxelles où, en désespoir de cause, il était parti se faire soigner.
Ses obsèques, qu'il avait voulues accompagnées de la présence d'un prêtre pour le sacré, eurent lieu à Montjustin – Lucien Henry, de Forcalquier, servant de clergeon pour la bénédiction au bord de la fosse.Partout – et jusque sur les tombes, puisque ici chacune de pleine terre –, tout le sol du petit cimetière-jardin était ce jour-là joliment tapissé de violettes sauvages. Mais, blessée dans l'âme, tragique, écorchée vive par la douleur, Lucienne prit en mal cette floraison de petits visages à ses yeux profondément indiscrets, indélicats et indécents d'assister si nombreux à l'enterrement.
Elle qui l'avait tant chérie et célébrée, plus jamais n'aima – sauvage ou pas – la violette, et il ne fallait plus lui en parler, sous aucun prétexte. Pas même pour lui faire le moindre petit éloge de son grand poème qui, en titre, en porte le nom et dont la troisième strophe s'exclame, désormais il semble, déjà assez prémonitoirement envers la saison de son deuil de Jean :
Salut, salut, salut, fleurons subtils, 
Salut au nom des morts, au nom des mortes,
Et salut en mon nom, vague d'avril,
Foison que mars rapporte et mai remporte.
La violette, figurant page 13, 14 et 15 de son recueil La fraîche paru chez Gallimard en 58 et admirativement dédié À Madame Colette :

 

 

Et voici que pas plus tard que tout à l'heure, grâce à la précieuse attention d'une amie, je viens de retrouver le poème non plus intitulé La violette mais – celui-là publié trente-six ans plus tard – Les violettes. Poème que, pourtant lu et relu, ma mémoire avait complètement occulté et qui figure dans Les fleurs de cœur de L'Herbier Naïf, posé là, toujours à portée de main sur mes étagères :

André Lombard

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Lucienne Desnoues. Biographie d'auteur

Lucienne Desnoues, L'Herbier naïf, chez Gérard Oberlé, Manoir de Pron, 1994, 100 p.

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