Ludmila Oulitskaïa : âme-corps & vice versa

Les onze récits de cet ouvrage prouvent toute la force littéraire de Ludmila Oulitskaïa. Ces nouvelles présentent une unité : elles analysent la zone humaine dont les ressors n'apparaissent qu'en des conditions exceptionnelles et qui font oublier les nécessités vitales qui normalement peuvent accaparer l'esprit.
Ce qui se dégage de l'ordinaire déchire un instant le rideau épais des habitudes et ouvre à des vibrations subtiles. L'auteure les fait ressentir et percevoir pour éviter leur perdre-voir.
Dans cet but, le point de départ des nouvelles s’enracine dans la réalité quotidienne : une vieille dame s’éprend de son médecin,  deux sœurs règlent la succession d’une mère absente, un médecin légiste est au travail, une bibliothécaire perd  peu à peu la mémoire. 
L'auteure rend toujours plausible et presque tangible de telles existences et ce qu'elles ont d'impalpables et de diaphanes. Et ce dans des principes aussi spirituels que corporels où demeure sensible la question de la souffrance  là où la vie est aussi poignante  qu'absurde.

Jean-Paul Gavard-Perret 

Ludmila Oulitskaïa, Le Corps de l’âme, traduit du russe par Sophie Benech, Gallimard, décembre 2022, 206 p.-, 18,50 €

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