Lydia Goldblatt la radicale

Les photographies de Lydia Goldblatt dévorent et ouvrent le monde en le réduisant, en l’effaçant. Il y a là un paradoxe de l’imaginaire : la création « désimage » ce qu’habituellement propose un art de re-présentation. Restent quelques êtres, objets, insectes, structures, lumières, traces dans une disparition relatives des formes et des jeux couleurs afin de ne laisser visible qu’un geste, une nudité dans une simplicité radicale et poétique.

Chaque prise conduit à des images mentales où surgissent une tension spirituelle, une évocation silencieuse. Elles élèvent l’être ou l’objet dans une sublimation particulière dans lequel le jeu de rapprochement n’est pas sans créer une certaine distance. La rotondité du monde se réduit à quelques arpents qui surgissent  selon une lumière blafarde ou diaphane, le peu et un certain « innommable » font loi. Et il faut parfois avoir recours au titre des photographies (comme dans le cas du portrait de sa mère) pour comprendre l’approche ouvert en un  dépouillement de l’image et sa radicalité de prise. Des artistes tels que Henri Hayden, Geneviève Asse ne sont pas loin de Lydia Goldblatt. Reste chez elle l’indissociable association de la tempête et de la nuit, du secret et de la lumière.


Jean-Paul Gavard-Perret.


Lydia Golblatt, « Still Here », Hatje Cantz, Ostsfirden (Allemagne), 2013, 92 pages, 28 Euros.


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