L'Ange Sanglant - Dans l'enfer de Jérôme Bosch

Claude Merle est un ancien professeur d’histoire et un passionné d’histoires. La preuve : il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages destinés à la jeunesse mais aussi aux adultes. L’ange sanglant, son dernier roman, un thriller historique, nous plonge au début du XVIe siècle dans une période charnière entre obscurantisme et renouveau au cœur de l’œuvre de Jérôme Bosch.

 

            Hollande. XVIe siècle. Dans la petite ville d’Hertogenbosch, une jeune fille est découverte morte, assassinée et atrocement mutilée : on l’a éventrée, lui arrachant l’enfant qu’elle portait, avant de brûler son corps. Jacob Dagmar, médecin et alchimiste, reconnaît Katje, sa servante. D’autres corps sont bientôt découverts mis en scène d’horribles manières par celui que l’on surnomme l’Ange sanglant. Jacob Dagmar reconnaît dans ces mises en scène macabres, l’influence voir la main du peintre Jérôme Bosch. Le médecin s’interroge : le peintre pourrait-il être l’Ange sanglant ? Troublé et touché personnellement par cette enquête, Jacob Dagmar va lui-même flirter avec le mal et la folie pour trouver la vérité.

 

            Tout comme l’œuvre de Jérôme Bosch, l’Ange sanglant est construit en triptyque. Le paradis, la vie et l’enfer se mêlent en chaque personnage : Jacob Dagmar, médecin et alchimiste, cherche à soigner ses patients en s’appuyant sur la science et pour cela, n’hésite pas à disséquer des cadavres pour en savoir plus sur l’anatomie humaine. Il flirte ainsi avec l’hérésie aux yeux d’une Eglise qui commence à être sérieusement remise en question par un moine à l’influence grandissante : Martin Luther. Bien que son métier soit de sauver des vies et qu’il mette son rationalisme au service de l’enquête, Jacob Dagmar va être de plus en plus fasciné par l’Ange sanglant et plus il va se rapprocher de ce dernier, plus notre médecin va plonger dans son enfer personnel. Le médecin n’est pas en soi un personnage attachant mais ses réflexions et son attitude participent à l’ambiance crée par Claude Merle : une ambiance angoissante qui fait peser sur les épaules du lecteur, le poids des sept péchés capitaux. Les crimes font l’objet d’une mise en scène inspirée de l’œuvre de Jérôme Bosch notamment du Jardin des Délices et l’Extraction de la Pierre de folie. On touche ici à la grande réussite de ce thriller historique : l’on est immergé dans une époque charnière entre un Moyen Age sombre et violent et les prémisses de la Renaissance. Jacob Dagmar dénote par son rationalisme mais l’on sent encore peser sur lui la menace d’hérésie adressée à tous ceux qui s’éloignent peu ou prou de la pensée de l’Eglise. L’Ange sanglant, ses « œuvres » ainsi que celles de Jérôme Bosch annonce également la doctrine de Luther sur le salut de l’âme et la repentance.

 

            Entre vertus et vices, Moyen Age et Renaissance, enfer et paradis, Claude Merle nous entraîne sur les pas d’un Ange pour qui le crime est un art.

 

Julie Lecanu

 

 Claude Merle, L’Ange sanglant, MA éditions, avril 2014, 239 pages, 17,90 euros.

 

 

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