"Le cimetière des hirondelles" Mallock- Et si le coeur d'un homme pouvait battre encore à travers celui d'un autre?

Mallock, derrière qui se cache J.-D. Bruet-Ferreol, revient avec une nouvelle enquête du commissaire éponyme dans le cimetière des hirondelles. Un roman qui est sorti en janvier et que l’on regrette de ne pas avoir lu avant. Comme dans Les visages de Dieu on plonge dans l’enquête la tête la première, en apnée jusqu’à la dernière seconde car, avec Mallock, il y a toujours un dernier rebondissement.

 

Alors que Mallock se remet difficilement de sa dernière enquête, le massacre des Innocents, il est de nouveau sollicité sur une affaire qui, une fois n’est pas coutume, le touche personnellement : Manuel Gemoni, le frère de Julie, membre de son équipe, a assassiné à l’autre bout du monde un vieillard qu’il ne connaissait même pas. « Je l’ai tué parce qu’il m’avait tué », c’est la seule raison que Manuel est capable de donner pour expliquer son geste. Qu’a-t-il pu se passer dans la tête de ce jeune père, homme honnête et sans histoire, professeur d’université pour s’attaquer à ce vieillard que tous craignent pour d’obscures raisons ? Comment parvenir à innocenter Manuel alors que Mallock est certain de sa culpabilité ? Entre sa rencontre avec une sorcière au fond de la jungle, ses visions et ses multiples découvertes, Mallock va frôler les limites de la rationalité.

 

On aime d’abord le commissaire Mallock : ours mal léché qui cache en réalité une grande sensibilité, mélange de Depardieu et de Nick Nolte en pardessus marron option chemise à fleur. Mallock est méthodique mais n’hésite pas à sortir des clous pour résoudre ses enquêtes, flirtant même avec l’illégalité pour la bonne cause. Il est toujours hanté par la mort de son fils à laquelle s’ajoute celle d’Amélie, son amoureuse, victime collatérale d’une de ses enquêtes. Sa famille, c’est désormais son équipe : Bob Daranne, son ancien formateur, enquêteur à l’ancienne, Julie et Jules, le couple dynamique, Ken, le petit génie de l’informatique et Mordome, le légiste à l’humour noir. Et bien entendu, quand on s’attaque à sa famille, Mallock sort les crocs.

 

On aime le rythme et l’écriture : dès les premières pages, nous sommes plongés dans un univers déstabilisant, à l’autre bout du monde, la scène étant décrite par Manuel. Puis le récit alterne entre révélations troublantes, sauts dans le temps et hypothèses plus inattendues les unes que les autres avant la révélation finale. Le lecteur ne s’ennuie pas un instant et est tenu en haleine jusqu’aux dernières pages ce qui n’est pas toujours le cas dans les nombreux thrillers qui sortent chaque année. Ce dernier opus mérite donc bien le titre de thriller littéraire.

 

Le cimetière des hirondelles est une réussite de plus pour Mallock /Bruet-Ferreol dont le talent est ici réaffirmé. Espérons qu’il trouve une fois encore les ressources nécessaires pour nous livrer une de ses enquêtes.

 

Julie Lecanu

 

Mallock (J.-D Bruet-Ferreol), Le cimetière des hirondelles, Fleuve Noir, janvier 2013, 427 pages, 19 euros.

           

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