Marc Halévy : La joie du sens

Au seuil d’une ère de pénuries croissantes, Marc Halévy invite à entrer dans la joie de l’accomplissement de soi …

 

Après avoir pourfendu, dans Vers une autre économie  (Dangles, 2012), « l’imposture économiste » fondée sur des « agrégats artificiels » (dont le PIB) et sur un fallacieux commerce de promesses, d’endettements gagés sur d’improbables croissances, Marc Halevy complète son Petit traité de la joie de vivre (Dangles, 2011) par celui du sens de la vie au seuil d’un nouveau cycle civilisationnel dont il a la ferme conviction que le « mot-clé » sera… JOIE, telle que la décrivit Spinoza, c’est-à-dire « comme conséquence et manifestation de la réalisation de soi » - celle-là même qui n’est pas au bout du chemin mais qui est le chemin…

D’abord, donner du sens au quotidien, c’est-à-dire en faire un « lieu de convergence entre ce que je suis (mon destin de vie) et ce que je fais (mon projet de vie) ». Aussi, chaque instant qui vient appelle à l’accomplissement : « Le destin est là, dans cet appel à accomplir l’inaccompli, à écrire la suite de l’histoire, à jouer, avec plus ou moins de talent et de fougue, le rôle qui m’est proposé sur l’immense scène du théâtre cosmique (…) Voilà bien le point d’émergence de l’idée de destin : je porte en moi une masse insoupçonnée d’accomplissables inaccomplis. Ils sont mon lot. Ils sont ma substance. Ils sont mon trésor ». Dès lors, il s’agit de « servir, avec passion, son propre destin »… Le refuser, ce serait se condamner « à ne jamais connaître la seule chose qui vaille : la joie de s’accomplir en plénitude »… Or, il s’agit bien d’œuvrer ici et maintenant à se forger une vie en se reliant à Soi et non à ce « moi » illusoire qui est « un obstacle artificiel » à ce processus d’accomplissement cosmique nous faisant passer de la potentialité à la réalité. C’est se relier aussi à la communauté, à la nature et à l’absolu. Donc, ne pas être notre propre prison mais construire son monde en s’ouvrant des chemins de liberté « hors de l’autoroute des conditionnements divers »…


Et qu’est-ce que « le développement d’un monde à soi, vaste et riche, sinon le fruit d’une patiente reliance, nouée brin à brin, avec tout ce qui nous entoure » ? Encore faut-il que  meure cet ego hypertrophié pour que vive enfin la vie en soi – une vie « sous le signe de l’absolu, de l’éternel, de l’invariant, du transcendant » pour perpétuer cette intention d’accomplissement à l’œuvre dans l’univers et réaliser la seule morale qui vaille : « accomplis tout l’accomplissable, ici et maintenant, au service de la Vie afin que jaillisse ta joie de vivre »…


Pour ce faire, l’humain doit « renoncer à son orgueil conquérant et opter pour la simplicité » - déjà, « prendre le moins de place possible, prélever le moins de ressources possible, abîmer, tuer et salir le moins possible »… Un traité de joie armée à s’offrir pour traverser le miroir aux alouettes et grandir dans son être...


Michel Loetscher


Marc Halévy, Petit traité du sens de la vie, Dangles, juin 2013, 272 p., 22 €

 

 

 

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