Marc Pautrel nous décrit l’univers de Manet

Revenant à ses amours – la peinture, en 2017 il nous avait offert un Chardin délicieux –, après un détour par la Carte du Tendre, Marc Pautrel s’attaque cette fois à l’inventeur de l’impressionnisme : Édouard Manet.
Mais pas que, artiste ne veut pas dire obligatoirement la tête dans les étoiles, surtout au XIXe siècle ; ainsi notre peintre de génie défendra son pays, Paris contre les prussiens en l’occurrence, faisant le coup de feu, payant de sa personne pour le drapeau – une attitude que l’on aimerait revoir de nos jours chez certains qui s’emmurent dans le déni.
Ainsi Manet œuvrera pour que la France, cette idée de la France, cette façon d’être et de vivre, perdure, cette manière de penser et d’aimer, les femmes et les hommes, la liberté, le plaisir, la joie, la puissance de la pensée, la primauté de l’individu sur le groupe, savoir que l’on est, savoir que le futur fait vivre et qu’il apprend à être, qu’il apprend à se comprendre et à se voir. Un programme qui fait tant défaut à notre France de 2021… 

Manet peint donc pour protéger ce qui existe, ici, sur ce territoire chéri. Il est conscient, lui, qu’il faut protéger ce précieux bien. Et le premier d’entre eux, la reconnaissance de la place de la femme dans la société civile ; pour cela il peindra une série de tableaux : La Dame aux camélias, Nana, La Négresse, Olympe, Lola de Valence,… qui lui vaudront en 1881 la Légion d’honneur. Et par ce geste il veut croire qu’à travers lui ce ne sont pas que ces inventions artistiques les plus folles qui sont reconnues, mais bien cette idée d’un pays où les femmes sont heureuses et libres.
Sans oublier que ce message de la République va permettre au public de s’approprier son œuvre et faire taire les polémiques. Car il aura fallu attendre l’achat de 23 tableaux, en 1872, par Durand-Ruel, pour que la notoriété de Manet puisse sortir de l’étiquette scandaleux que les journalistes lui collèrent sur le dos. 

Après une rapide biographie romancée, la seconde partie du livre, la plus captivante, la plus délicieuse, offre 46 descriptions poétique, lyrique et contextuelle des plus beaux et des plus importants tableaux qui sont inscrits dans le patrimoine culturelle de l’humanité. Un irrésistible désir d’Orsay s’empare alors de vous ; un conseil : succombez.  

 

François Xavier 

 

Marc Pautrel, Le peuple de Manet, coll. L’infini, Gallimard, juin 2021, 170 p.-, 16,50 € 
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