Inauguration la Galerie Magin-A : le trio chamanique

Pour l'inauguration de la galerie Magnin-A, André Magnin, Philippe Boutté et leur équipe présentent l'exposition internationale Co-naissanc" dans laquelle le plasticien italien Alighiero Boetti (1940 - 1994) lié au mouvement Arte Povera est remis en mémoire du public et des collectionneurs parsiens.

S'interrogeant sur le statut de l'artiste, le Turinois il ajouta un « e » ( « et » en italien) entre son prénom et son nom, dans une volonté de dédoublement de la personnalité.
Ce dédoublement rentre ici en résonnance avec les oeuvres de Marcel Miracle et de Frédéric Bruly Bouabré.
Et les trois horizons différents se répondent.

En début de sa carrière Alighiero Boetti présenta essentiellement des sculptures pour lesquelles il utilisa des procédés de juxtaposition ou d'empilement de matériaux. Il rejoignit alors Mario Merz, Jannis Kounellis, Luciano Fabro, Michelangelo Pistoletto et Giulio Paolini pour l'exposition collective « Arte povera ». Elle donnera son nom au mouvement qui le fera connaître.
Mais à cet artiste de l'avant-garde des années 60, les oeuvres de Bruly Bouabré et surtout de Marcel Miracle n'ajoutent pas  qu'un simple codicille. Elles ouvrent le jeu d'un nouvel arte-povvera qui revendique une attitude socialement engagée et ouvertement critique face à la société de consommation mais sans pour autant limiter la création à une théorié politique.

Marcel Miracle reste un homme libre dont l'oeuvre aussi drôle que profonde ne peut être enclose sous une étiquette. Comme Bruly Bouaré, proche de l'Afrique où il vit une partie de l'année, les moindres matériaux lui font sens et la conquête du hasard (un hasard fléché par des lectures (Pérec, Lowry et bien d'autres) innerve son oeuvre. 
Le triumvirat libertaire entraine l'art vers une puissance réellement chamanique et remet en cause les principes mêmes d’identité et d’individualité. Il multiplie les compositions des possibles et explorent les thèmes du déplacement temporel et spatial, à travers les effets croisés de la combinatoire et de l’aléatoire.

L'idéal de la beauté n'est plus structuré sur le tout à l'ego mais vers une nécessité de base. Manière de contaminer les chimères institutionnalisées et laisser libre cours à une folle du logis. Elle secoue la géopolitique à coup de géologies plastiques où chaque coup de dé des artistes n'est pas là pour abolir le hasard mais le solliciter.

Jean-Paul Gavard-Perret

Alighiero E Boetti, Frédéric Bruly Bouabré, Marcel Miracle, CO-NAISSANCE, Galerie Magnin-A, 118 Boul. Richard Lenoir, Paris 11ème, du 19 octobre au 1er décembre 2018.

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