Marcelin Pleynet : Nombril 1er

Les formes du roman sont impénétrables et sa construction est sans limite : tout y est permis, ou presque. Mais un roman doit savoir aussi porter le lecteur par un style, une musique, un dessein... Il faut du liant, dirait l’un de mes amis éditeurs, il faut une cohérence et éviter les répétitions dirait un autre. Or, il faut bien avouer qu’ici, roman est de trop sur la couverture. Tout au plus s’agit-il de réflexions, voire d’aphorismes ou notes éparses et d’innombrables citations qui doivent bien représenter la moitié du livre. Sans parler du crime de lèse flatterie quand sieur Pleynet ne peut s’empêcher, après avoir trois, quatre, cinq fois cité et remercié Philippe Sollers (le directeur de la collection L’Infini, son éditeur), de rapporter ses propres écrits antérieurs, avec nom et année de publication de ses livres, histoire que l’on soit bien incité à aller y voir de plus près... Démon de midi ?
Monsieur Pleynet devient sénile qu’il ne sache plus écrire sans noircir la moitié de ses chroniques des phrases des autres ?

Et qu’est-ce donc que cette mise en page ?
Il n’est rien ici d’un roman : une à cinq lignes maximum, toujours séparées par deux voire quatre sauts de lignes. Amélie Notomb qui imprime gros c’est La Pléiade à côté. Ce livre n’aurait pas dû dépasser 45 pages, et encore. Puisqu’une vingtaine provient d’ailleurs, Pleynet ne rapporta donc que ces quelques feuillets de ses incessants séjours à Venise.
Étonnant...
Et que nous dit-il en si peu de mots ?
Souvent la même chose : le passage des transatlantiques qui dénaturent le paysage et laissent les petites embarcations stupéfaites de tant de houle, les levés et les couchés de soleil, la lumière... et les œuvres d’art, surtout la peinture. Rien là de bien nouveau ni de très intéressant. Quelques indiscrétions, dont le commando qu’il mena – aussi avec Sollers – pour rendre visiter à Jean-Edern Hallier, dans son chalet familial, à Crans-Montana, au sujet du différent qui les animait concernant la direction de la revue Tel Quel, à l’époque hébergée au Seuil. Quelques réflexions sur la musique.
Des descriptions de paysages d’une rare banalité. Et un film qui serait en préparation sur... Marcelin Pleynet himself !

Vous l’aurez compris, cette chronique n’est pas vénitienne mais bien pleynetienne. Elle aurait dû être pétillante, érudite. Elle est lassante, répétitive, pompeuse.
J’en reviens toujours à José Sarramago qui n’a rien écrit pendant dix ans car... il n’avait rien à dire.
N’est-ce pas monsieur Pleynet ?

 

François Xavier

 

Marcelin Pleynet, Chronique vénitienne, Gallimard, mars 2010, 216 p. - 19,80 €

 
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