Les harmoniques, un polar en mode jazz

Un écrivain confirmé

Marcus Malte, de son vrai nom Marc Martiniani, a commencé à publier au Fleuve noir dès 1996 avec Le doigt d’Horace où il introduit le personnage de Mister, pianiste de jazz qui conduit des enquêtes avec son ami Bob, ancien prof de philosophie devenu chauffeur de taxi. On retrouve ce duo improbable dans Le lac des singes (Fleuve noir, 1997) puis Malte travaille son style avec Carnage constellation (Fleuve noir,1998), Garden of love (Zulma, 2007) qui obtient le prix des lectrices de « Elle » en 2008. Il vient de connaître la consécration en 2016 en obtenant le prix Fémina pour Le garçon, publié chez Zulma. Avant cela, il avait sorti en 2011 Les harmoniques où il reprenait les personnages de Mister et Bob.

Pour Vera

Mister aimait Vera, d’un amour platonique, idéal. Elle l’écoutait jouer, était transportée par les notes de son piano. Elle a été brûlée vive par des petits malfrats. Mister ne se satisfait pas de cette explication. Aidé de Bob, il entreprend de fouiller dans le passé de Vera, interroge sa prof de théâtre, retrouve des gens qui l’ont côtoyée. Vera était une survivante de la guerre de Bosnie. Mister est parti pour remonter le passé et aussi pour remuer la merde de notre époque…

Un pur roman noir

Les harmoniques, on manque de mots pour le dire, est une vraie réussite. Tout d’abord par le style de l’auteur, âpre et dur, par son sens du dialogue. La construction du roman, entre passé et présent, entre la vie de Vera et l’enquête de Mister, procure au lecteur un sentiment de vertige assez enivrant. Enfin, c’est aussi un hommage au jazz, celui de Miles Davis et John Coltrane, de Bill Evans et Herbie Hancock, une musique ignorée aujourd’hui ignorée du plus grand nombre et ô combien nécessaire pour vivre dans ce monde. Pour toutes ces raisons, Lisez Les harmoniques, et pleurez.

Sylvain Bonnet

Marcus Malte, Les harmoniques, Gallimard folio policier, mai 2016,416 pages, 8,20 €

 

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