La Russie face à l'Europe, une relation complexe

Une des meilleures historiennes de sa génération

Marie-Pierre Rey, ancienne normalienne devenue professeur à l’université Paris I Panthéon Sorbonne, est une spécialiste de l’histoire russe. On lui doit la biographie de référence du vainqueur de Napoléon, le tsar Alexandre 1er (Flammarion, 2009) ainsi qu’un livre somme sur la campagne de Russie, L’effroyable tragédie (Flammarion, 2012). L’année dernière, Flammarion a fait reparaître dans sa collection de poche « champs » son ouvrage La Russie face à l’Europe, paru en 2002, qui se veut une grande synthèse sur l’histoire russe, ce grand mystère…

Face à ou dans l’Europe ?

Marie-Pierre Rey dresse avec talent un panorama de l’histoire russe depuis Ivan le Terrible jusqu’à aujourd’hui. Elle analyse avec justesse le paradoxe d’un pays attaché à ses traditions (dont la religion orthodoxe) et à son identité mais attiré par l’Europe, une Europe qui lui fait sentir périodiquement son retard, tant technique, scientifique que culturel ou politique…

Pierre le Grand cherchera, avec brutalité, à rattraper ce retard, en fondant une nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg, et en faisant venir des spécialistes occidentaux pour moderniser la Russie, quitte à bouleverser les traditions. Et à déclencher un choc en retour, donnant naissance au courant des « slavophiles », attachés à l’identité russe, qui fera face à celui des « occidentalistes ». Un choc qui perdurera dans la période soviétique et jusqu’à aujourd’hui : le régime de Poutine reproduit bien des aspects de ce débat. Voici une synthèse magistrale, qu’on ne peut que recommander.

Sylvain Bonnet

Marie-Pierre Rey, La Russie face à l’Europe, Flammarion, février 2016, 510 pages, 13 €

 

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