Marion Tampon-Lajarriette : champ libre aux interprétations

Vouloir tout montrer voue la photo au cliché. C'est pourquoi Marion Tampon-Lajarriette préfère les éléments qui cherchent – comme disait Duras – quoi faire de la solitude. Sans délire, sans morbidité, sans effets, par fragments de narration ou en panoramiques paysagers la plasticienne enjambe le réel comme Don Quichotte enjambait les moulins. La folie du Quichotte c’est aussi la sienne.

Le paysage devient un corps. Le corps un paysage engendré dans des gouffres (du plaisir ?) qu'elle invente. La photographe est là pour saisir certains arpents afin d’en faire une chanson de lignes, d’espaces, de formes et de gestes. Quelque chose bouge que l’artiste fixe. Ce n’est pas l’inverse du cinéma mais sa profondeur.

Marion Tampon-Lajariette  aime ce qui échappe. Elle se veut aussi captive que captivée. C’est pourquoi elle touche non avec des images émouvantes mais avec des rapports d’images simples. Evitant la fétichisation elle passe toujours d’images vivantes à des images mortes.
C’est l’inverse d’un Hitchcock chez qui tout refleurit par la musique. Hitchcock c’est (surtout) du Rakhaminov. Chez la photographe installée à Genève la dramaturgie naît d’une certaine marche d’éléments non dramatiques. Pour que l’être soit absorbé tout entier.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Marion Tampon-Lajarriette, Echos, Edizioni Casagrande, octobre 2020, 331 p.-

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