Daredevil – Spider-Man – Hulk

En 1997, le duo d’artistes Jeph Loeb (pour le scénario) et Tim Sale (au dessin) se révélaient au grand public avec la mini-série Batman : Un long Halloween. Cette saga est depuis devenue un classique, à la fois par sa maîtrise tant narrative (un immense Cluedo à l’échelle de Gotham) qu’esthétique (le style de Tim Sale correspond si bien à l’ambiance polar noir).

 

Quelques années plus tard, on retrouve le même duo chez Marvel, mais pour un tout autre type d’histoires. Entre 2001 et 2004, Loeb et Sale écrivent trois mini-séries assez particulières. L’idée est simple : revisiter les origines de trois personnages célèbres, mais d’une manière originale et moderne. Cela donne ces trois histoires « colorées » : Daredevil – Jaune, Spider-Man – Bleu et Hulk – Gris.

 


Ici, il s’agit à chaque fois de revenir sur des événements que tous les lecteurs connaissent bien, et de creuser dans les interstices, de nous montrer en quelques sorte certains détails qui nous avait échappé. Oh, Jeph Loeb ne réinvente rien, ne saccage pas le travail de ses prédécesseurs. Au contraire, il met en lumière les qualités des personnages.

 

Les histoires ont toutes un point commun : le narrateur est le héros qui évoque des événements passés à un être aimé, mais disparu : Daredevil écrit des lettres de souvenirs à Karen Page, Spider-Man enregistre au dictaphone des messages pour Gwen Stacy, Hulk évoque à un mai ses origines et sa relation avec Betty. Du coup, on le voit bien, l’intérêt de ces histoires ne repose pas sur des combats spectaculaires. Loeb s’attache aux humains derrière les masques, à leurs sentiments, à leurs sensibilités. Ce qui n’empêche pas quelques scènes impressionnantes, mais elles servent l’histoire, et non l’inverse.

 


Le travail plus récent de Tim Sale sur Captain America – Blanc m’avait déçu (lire ici). J’ai donc pris un grand plaisir à retrouver le Tim Sale que j’aime, celui qui a le temps de poser des ambiances. Contrairement à Un long Halloween, plutôt noir et déprimé, son dessin se fait ici mélancolique. J’ai noté le soin qu’il portait alors au décor ; c’est particulièrement remarquable dans les épisodes Daredevil et Spider-Man, graphiquement somptueux.

 

Le défaut que j’ai pu trouver à cet épais volume, c’est en fin de compte de compiler trois histoires qui se ressemblent beaucoup en termes d’ambiance, et qui peuvent éventuellement lasser si on les lit les unes à la suite des autres. Prenez donc le temps de faire une petite coupure entre chaque mini-série, vous ne le regretterez pas.

 


Voilà donc un très joli album, plein de délicatesse, de fraîcheur et de douceur. En fait, des termes qu’on emploie assez peu quand on parle de comic-books ! Cela en fait un album qu’on peut conseiller aux vieux routards, mais aussi, et surtout !, aux néophytes, voire même aux réfractaires tant l’approche est originale.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Lire ma chronique de Captain America – Blanc

 

Jeph Loeb (scénario), Tim Sale (dessins)

Daredevil – Spider-Man – Hulk

Édité en France par Panini France (4 mai 2016)

Collection Marvel Icons

448 pages couleurs, papier mat , couverture cartonnée

36,00 euros

ISBN : 9782809455309

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