Avec l’Exodus, Maud Tabachnik oublie pour un temps les criminels qui peuplent ses romans

Juin 1947 : L’horreur des camps a été découverte mais  pour les survivants juifs, elle perdure. Parqués dans des installations provisoires au sud de la France, tous rêvent de rallier la Terre promise.


Un groupe de très jeunes gens issus de la Hagannah, l’armée juive clandestine va tenter de les acheminer en Palestine.  Parmi ces presque adolescents, Serge Menacé,  jeune  héros de 16 ans qui parvient à convaincre l’abbé Glasberg  figure  de la résistance de l’aider à obtenir l’autorisation d’appareiller  un vieux bateau le Commandant Warfield. La destination officielle  des 4554 passagers est la Colombie mais ni les Français ni les Anglais qui ont la Palestine sous mandat depuis 1920 ne sont dupes.


Le jeune capitaine du navire Ike Aronovitz, vingt trois ans  n’a aucune expérience de la navigation  mais réussit à prendre la mer, immédiatement suivi par des navires anglais.


Parvenus à 27 kilomètres de Haïfa, les anglais tirent sur le bateau rebaptisé Exodus. Balles traçantes contre boites de conserve et pommes de terre : le combat est inégal, la bataille terrible, suivie minute par minute par les habitants de Haïfa. Le bateau est dévasté, mais grâce à l’organisation de la Hagannah, les jeunes organisateurs du voyage échappent aux anglais qui fouillent le navire.


C’est dans des cages sur des bateaux anglais que les survivants seront finalement emmenés vers  l’Allemagne, pays où 6 millions des leurs sont partis en fumée.


La nouvelle fait l’effet d’une bombe. Le monde entier est horrifié par l’attitude des anglais qui ont mis le Moyen Orient en coupe réglée. La région est riche en pétrole, l’arrivée de réfugiés risquerait de lui faire perdre son leadership.


C’est au son du jazz –moment surréaliste- et sous les menaces, que les passagers épuisés, desésperés  luttant jusqu’au bout pour ne pas fouler à nouveau ce sol honni débarquent à Hambourg.


La presse du monde entier est là, les images de ces Juifs traînés de force dans des camions qui les conduiront dans les anciens camps de concentration vont faire le tour de la planète et influer sur le vote de l’ONU.  D’autant qu’on apprend peu à peu que les gardiens de ces camps sont des Allemands bientôt remplacés par des Anglais devant le tollé planétaire.


Enfin, le 29 novembre 1947, la fondation de l’Etat d’Israël est votée  et les réfugiés de l’Exodus peuvent rentrer chez eux.

 

Dans ce roman, Maud Tabachnik mêle des personnages réels et des héros de fiction mais l’histoire est là, brute et terrible. C’est avec le même acharnement, la même force qu’elle utilise dans ses romans policiers qu’elle s’empare de l’histoire de l’Exodus.


La violence des anglais, le désespoir des Juifs, le courage des jeunes militants font de ce roman un livre historique de six mois en enfer ; témoignant de la détermination absolue des Juifs à refonder  leur paradis perdu il  y a vingt siècles.


Brigit Bontour

 

Maud Tabachnik, Je pars demain pour une destination inconnue, Éditions de L’Archipel, septembre 2012, 240 pages, 18,95 €


Lire l'entretien de Maud Tabachnick avec Joseph Vebret.

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