Hugues Stoeckel : Le début de la faim?
Pour l’ancien conseiller régional d’Alsace (1992-2004), « toute option acceptable pour éviter la catastrophe qui vient implique l’instauration du partage à une échelle inconnue dans l’histoire ». Ce partage inédit « n’est pas l’aumône de la survie ; il est la proscription de la liberté de s’enrichir au préjudice d’autrui », ne serait-ce que pour conjurer l’inéluctable ajustement par la variable population…
Il n’y aura pas de nouvelle « terre promise »
Cette prise de conscience ( ?) évoluera-t-elle vers un commencement d’exécution ? Le temps est compté tandis que « l’érosion des réserves d’or noir se poursuit » et que l’offre énergétique n’en finit pas de décliner : la mobilité généralisée et la suractivité sont-elles encore soutenables dans une société thermo-industrielle vécue sur le mode de la crise permanente ? Bientôt, le processus consistant à injecter toujours plus d’énergie (de moins en moins bon marché…) dans un corps social porté à ébullition pour projeter les individus vers une vie de plus en plus agitée arrive à son terme :
« Pour la première fois de son histoire, l’humanité verra ses ressources en énergie – ses moyens d’agir, donc – décroître sans retour. L’ère nouvelle qui s’ouvrira pulvérisera la plupart de nos repères actuels. Une seule certitude domine le tableau : la baisse régulière de la quantité d’énergie consommée. »
Les possibilités de « transformer le monde » s’en trouveront sensiblement réduites en peau de chagrin…. Mais…la « dématérialisation » de l’économie et la terre promise du cyberespace ? Un mirage énergivore dont les produits à forte obsolescence intégrée durent bien moins longtemps que les autres produits manufacturés et dont les déchets hautement toxiques n’en finissent pas de nous empoisonner la vie…
Autre gouffre énergétique : la croissance démographique et l’urbanisation d’une population captive de ces pôles de déperdition énergétique que sont les grandes métropoles - et taraudée par un désir obsessionnel de mobilité. Mourra-t-on bientôt de faim dans les villes ? « Parti comme il est, ce siècle pourrait être ainsi à la fois celui des famines et celui du retour aux grandes pandémies infectieuses du passé ».
Hugues Stoeckel, professeur de mathématiques à la retraite et actuellement conseiller municipal à La Petite-Pierre, se projette vers l’inéluctable, c’est-à-dire vers la faillite du potentiel nourricier de la planète orchestrée par un Homo occidentalis destructor si occupé à scier la branche sur laquelle il se trouve de moins en moins confortablement assis…. Est-il temps encore de conjurer ce mortifère emballement vers la fin annoncée de l’espèce ?
Autant « organiser pacifiquement » une « atténuation préventive » du coût annoncé de l’effondrement énergétique à venir en « organisant un partage des richesses entre actifs et non-actifs qui ne repose pas sur la fuite en avant » sans attendre de buter sur ses limites – mieux vaudrait que « l’inversion salvatrice » survienne avant « l’effondrement des fondements mêmes de la vie sur terre » : « Le XXIe siècle sera dans l’histoire de la planète Terre – il n’existe pas l’ombre d’un doute sur ce point - celui du douloureux ajustement de l’espèce humaine à l’espace qui lui est imparti. »
Michel Loetscher
Hugues Stoeckel, La faim du monde, éditions Max Milo, janvier 2012, 316 p., 16 €
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