Le don de soi sous la plume de Maylis de Kérangal

Difficile de ne pas apporter sa voix aux articles laudateurs  unanimes à propos de Réparer les vivants de Maylis de Kérangal, d'autant plus que ce texte a été couronné du prix Orange des lecteurs, et pourtant je ne suis pas si éblouie que cela par ma lecture.
 
Evidemment le thème du don d'organe est terriblement sensible et Maylis de Kerangal parvient parfaitement à capter l'intensité émotionnelle des parties prenantes, donneurs et receveurs, mais aussi professionnels de la santé et entourage. 
Oui, l'écriture est tendue, à la fois fragile et forte, en équilibre sur un fil tressé de peur, d'espoir et d'attente. C'est un  beau livre, avec l'empreinte de la plume de l'auteure.
 
 Cependant, je n'arrive pas à être transportée plus que de raison par ce texte dont le thème porte en lui-même l'adhésion par empathie. 
Le rebord de la vie a ceci d'unique : il transcende toujours l'expression des émotions, épure, pousse à l'essentiel, retient le souffle au risque de le perdre. Cette façon de dire et de respirer n'est pas particulière à l'auteure, j'y reconnais la voix et le souffle de tous ceux qui ont expérimenté ces instants, c'est ainsi qu'ils racontent à mi-voix, avec ce tempo, sans virgule ni construction logique. L'auteure l'a bien retranscrit mais ce n'est pas une création littéraire extraordinaire comme je l'ai lu ici et là dans les chroniques qui m'ont incitée à acheter le livre. 
Et si la première partie du livre relatant  l'accident et la sidération qui plongent la famille dans le désarroi  est réellement un texte de littérature qui m'a plu,  j'ai lu la suite comme un documentaire sur le don d'organe, j'ai un peu décroché,  il y avait quelque chose de la série médicale qui m'a même déçue, comme une promesse pas tenue jusqu’au bout.  

Anne Bert

Maylis de Kerangal, Réparer les vivants,  Editions Verticales - janvier 2014, 288 pages, 18,90 €

1 commentaire

C'est un livre exceptionnel.