Snow Queen : Et la neige devient un personnage

L’année est 2004, à la veille de la réélection de George Bush, et le lieu est Brooklyn. Dans un petit appartement encombré, Beth et Tyler vivent ensemble, avec, c’est original, Barrett, le frère cadet de ce dernier. Dans cet espace confiné, il ne se passe pas grand-chose et pour cause, Beth est malade, vraisemblablement mourante. Musicien à la recherche du succès Tyler, carbure à la cocaïne tandis que Barrett, lassé de ses amants successifs ne croit plus en l’amour.

 

Mais un jour, en traversant Central Park, Barrett a une vision. Il aperçoit une lueur verte dans le ciel d’une beauté incroyable, comme un clin d’œil céleste. Est-ce une hallucination, la rencontre d’une constellation et d’un avion, des extra terrestres ? Malgré la complicité qui le lie à Tyler, Barrett ne sait à qui confier ce à quoi il a été témoin. À Liz, l’amie fidèle qui lui a donné un job dans sa boutique de vêtements ? À Beth qui parfois semble réagir comme si le cancer ne la dévorait pas ?

 

La lueur qui traverse le nouveau livre du talentueux Michael Cunningham est à la fois un sérum de vérité et un rayon d’espoir. Tous les personnages de ce drame intime, comme dans The Hours ou De chair et de sang qui sort en 10/18 se débattent en effet dans des difficultés extrêmes  : la drogue, la maladie, l’œuvre créatrice et rêvent leur vie au lieu de la vivre.

 

La neige qui tombe sans discontinuer sur Brooklyn semble entourer les protagonistes, les forcer à lever la tête et finalement à tester leurs liens. Le roman s’étend sur quatre ans, le temps du mandat du président le plus honni des New Yorkais  depuis Nixon et brasse des thèmes universels comme la perte, l’échec, mais aussi l’amour qui lie les êtres entre eux. Quand la nuit finalement tombera, aucun des jeunes gens que nous avons suivis ne sera plus le même. Un texte d’une grande beauté où rien n’est vraiment ce qu’il paraît être au premier abord. Comme un paysage d’hiver.

 

Ariane Bois

 

Michael Cunningham, Snow Queen, traduit de l’américain par Anne Damour, Belfond, mars 2015, 320 pages, 20,50 €
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