Michel Bourçon : de sa fenètre

Dans le jeu d’oppositions que propose chaque page de son livre,  Michel Bourçon crée l'équation "regarder = imaginer". Mais regarder c'est alors imaginer le beau loin de toute abstraction.
Le poète se laisse aller à la contemplation méditative et quasi extatique. Le livre comme son auteur glisse dans un abandon programmé  qui déploie une rythmique étrange, sensorielle. Elle permet d'éprouver une plénitude simple.

Le temps de spectacles découverts à travers  une fenêre ne bouge presque plus, même ou parce que nous ressentons ce temps comme une présence, une durée non brisée.
Ne demeure qu'un vague continuum. Comme dans le rêve, il n'existe plus de causalité - ou presque. Apparaît aussi la suspension des principes de substances et d'identité.

Mais il n'y a pas à proprement parler de rêve. Pas  non plus que formes épiphaniques mais un ensoleillement particulier. Et lorsque l'astre se cache « l’arbre délaissé par les oiseaux aguiche les nuages ».

Tout et calme et recueillement. Le poète met en relation avec des phénomènes simples. Nous touchons alors à l'image où tout recommence loin des fondus dans la lumière du soir.
Soudain « les arbres bercent les oiseaux » juste avant que le poète rameute les dernières images sourdes. Il n’ajoute rien mais les fait retentir.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Michel Bourçon, Source des vents, éditions du Cygne, 2018, 50 p.-, 10 euros

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