À vos marques quotidiennes

Le logo est largement entré dans nos vies. Le mot est vieux, il vient du grec. À Babylone comme chez les Maya, on usait de ces signes symboliques dont la puissance visuelle avait depuis longtemps bien évaluée et exploitée. On dit qu’un adulte est capable de reconnaître immédiatement au moins une trentaine de logos. Il y a des concours et des champions dans ce domaine.
Nous n’y faisons pas toujours attention, nous les lisons distraitement, ces noms pourtant accompagnent notre quotidien et très vraisemblablement, au moins un ou deux chaque jour s’imposent à nos regards. Ils marquent des heures ou des moments de la vie personnelle et sociale, ils apparaissant à tour de rôle, en solitaire ou en groupe dans un magasin, chez des amis, sceaux tentateurs invitant aux gestes de l’achat puis s’effacent avant de revenir. Ils participent à notre bien-être, parfois le conditionnent, le soutiennent.
Ces noms sont devenus liens et lieux communs entre nous tous au point qu’en les prononçant, chacun sait de quoi il s’agit. Ainsi, vous entendez seulement Banania, Maille, Leroux, Perrier, Grand Marnier, Häagen Dasz, Campari, Président, Vichy, Justin Bridoux au détour de conversations en général prosaïques, vous savez aussitôt que quelqu’un parle de boisson au chocolat, de moutarde, de chicorée, de boisson gazeuse, de glace, de liqueur, d’un apéritif de couleur rouge, de fromage, d’une pastille, d’un saucisson. Les connivences, les indifférences, les souvenirs, en tous cas les justes notions du produit en question, affluent.
Mais il ne faudrait pas en rester là, car ce qui est intéressant est de savoir ce qui se cache derrière ces noms, leurs origines, quelles sont les causes qui ont présidé à leur création, les rachats et les ventes intervenus au long du temps, quels personnages célèbres ou non les ont lancés, en somme quels sont les grands et les petits secrets d’Amora, Blédina, Byrrh, Elle & Vire, Franprix, Kinder, Lesieur, Monop’, Pommery, Royco ou encore Schweppes. Car une marque implique des penseurs, des concepteurs, des financiers, des entrepreneurs, des designers. Un logo selon les spécialistes se décline en monogrammes, pictogrammes, combinaisons, emblèmes, mascottes.
Pour écrire ce livre d’Histoire et d’histoires, Gérard Nicaud a beaucoup travaillé, cherché, enquêté avant de convier à sa table Michele Ferrero, Jasper « Jack » Daniel, Rodolphe Lindt, Lazare Digonnet, Luigi Lavazza, Charles Heidsieck, Gerard Adriaan Heineken sans parler de Louis XV, Isabel la Catholique, et tous ceux qui nous régalent et nous désaltèrent. Il a patiemment rassemblé 815 entrées. Autrement dit plus que la majorité des articles qui servent un certain bien-être. Comme le montre la couverture de l’ouvrage, il a bien rempli son caddy. Il déchiffre et décrypte pour ses lecteurs les arcanes de cet univers toujours bien emballé et identifié. Non sans humour et finesse, il relate les aventures inconnues, oubliées et souvent incroyables de ce qui paraît pourtant simple.
On n’ignore plus une fois refermé ce livre savoureux et pétillant qui sont Jean Guyomarc’h, (Père Dodu), Travis Kalanick (Uber Eats) et surtout Hans Riegel, né à Bonn, ce détail est important. Les premières lettres donnent Ha Ri Bo, celui des fraises Tagada… Les prochains chantiers ouverts par l’auteur portent sur les marques de luxe, les autos, les motos. De nouvelles surprises à lire!

Dominique Vergnon

Gérard Nicaud, Grandes et petites histoires des marques, pour découvrir ce que nous buvons, ce que nous mangeons, 150 x 210 mm, éditions Éric Daurgand-Michel de Maule, juin 2022, 518 p.-, 28€   

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