Commerce équitable, 100% recyclable, empreinte carbone 0+0, bien-être animal, libre parcours, gérée durablement, bio, alimentation garantie sans conservateur, sans colorant, sans arômes artificiels, énergie propre, développement durable, politique, islam, Black Blocks, Trente Glorieuses (que l'auteur a bien connu), huiles essentielles, banlieues, Europe, soins dentaires, Conan Doyle, Pascal et bien d'autres sujets pimentent cette nouvelle version de la critique de la société proposée par Houellebecq.

Si bien que Anéantir devient un thriller politique un rien dystopique et un roman des amours. Paul Raison, énarque soutient le candidat de la majorité à la futures élection présidentielle de 2027. Mais il suit en parallèle une affaire d'attentats mondiaux relatés par des réseaux sociaux et que la DGSI ont du mal à décrypter les messages occultes.

Cela lui permet d'offrir une satire de la France, ses matières et idéologies attristantes, dans un univers  en déclin, sans espoir, sombre et mélancolique mais où ce qui reste d'amour fait son chemin. Le héros et sa femme en bénéficient. Mais ils ne sont pas les seuls. Bref l'amour peut sauver le monde. Enfin presque. Il trouve là à se lover dans le plumage de l'espace-temps.

L'auteur prétend à ce titre que la bonne littérature se fait avec de bons sentiments en tordant le cou à l'affirmation de Gide. Mais nous retiendrons – en hommage à celui-ci – le côté Cave du Vatican mâtiné aux nouveaux accents du temps d'un tel roman. Certes l'amour s'y mêle  afin que dans l'observation du monde,  des rêves puissent créer comme dit l'auteur une alternative au monde. 
Mais il s'en faut avant que le cheval purpurin des nouveaux Roméo n'aille brouter des herbes tendres agitées comme un flot.

Toutefois la fiction  réalise un percement dans un cheminement ardu mais tentant. Le roman exprime autant un enfermement qu'un parcours joyeux ou qui doit l'être afin qu'il n'y ait rien à regretter tant que la chair et l'âme gardent sinon la passion d'exister du moins l'envie d'être encore en vie entre les mains du temps.

Jean-Paul Gavard-Perret

Michel Houellebecq, Anéantir, Flammarion, janvier 2022, 736 p.-, 26 €