Femmes d’homosexuels célèbres

Zeus, avait un penchant pour les garçons mais quand il enleva Ganymède, fils du roi des Troyens, le ressentiment et la jalousie de sa femme Héra se révélèrent terribles et  furent  selon Virgile, une des causes de la guerre de Troie. D’autres histoires d’amour sont relatées dans l’antiquité : Posséidon et Pélops dans les Olympiades de Pindare ou Apollon et Hyacinte dans les Métamorphoses d’ovidé.


Plus près de nous,  Richard Cœur de Lion  fit un mariage blanc avec Bérangère de Navarre, La princesse Palatine épousa  Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV avec lequel elle eut des enfants, dont le futur régent.   Edouard II, Byron,  Johann Goethe, Paul Verlaine,  Jules verne, Oscar Wilde, Pierre Loti, André Gide, le duc de Windsor, Louis de Mountbatten, tous convolèrent en justes noces avec des  fortunes diverses : « contrat » respecté ou franche hostilité entre les époux. La raison de ces mariages était l’argent et la respectabilité, parfois les deux. Ainsi Louis de Mountbatten, amant de son cousin, le duc de Windsor prit pour femme la très belle et très riche Edwina Ashley, dotée de deux millions de livres par an alors qu’il n’en avait que 600. De ce mariage orageux que la guerre transforma, naquirent deux enfants.


Jules Verne lui, demanda à sa mère de lui trouver « une jeune fille riche et bien élevée » mais  très vite après son mariage avec Honorine de Vial, une veuve, déjà mère de deux fillettes déménagea dans un grand appartement pour écrire. Lorsqu’elle fut enceinte, il embarqua pour la Scandinavie avec un ami et ne revint que le lendemain de l’accouchement.


Plus terribles furent les noces de Byron : le soir même,  celui qui avait déjà  la réputation d’être un « dandy sodomite », annonça à sa femme  Anne Isabella Milbanke qu’il « ne l’aimait pas, ne l’avait épousée  que par convention,  qu’il détestait dormir avec  une femme ». La déconvenue de la jeune fille de vingt deux ans, très amoureuse de lui fut affreuse et la suite encore pire.


Verlaine jeta son bébé contre un mur, Gide faisait venir des petits prostitués romains dans sa chambre lors d’un voyage en Europe alors que sa femme naïve visitait les musées…


Dans son livre brillant et très informé,  Michel Larivière scrute les destins de ces couples improbables, dans lesquels les femmes ne furent que très rarement heureuses à l’exception de la femme de Goethe. Quand le rejet comme pour Byron n’apparaît pas immédiatement, c’est en général la rencontre avec l’âme sœur qui détruit l’équilibre très précaire des premiers mois. C’est la rencontre entre Rimbaud et Verlaine, Oscar Wilde et Lord Douglas…


Pourquoi dès lors, ces très jeunes femmes ou filles  convolèrent-elles avec des hommes qui aimaient les garçons ? Par calcul pour Wallis Simpsons, par amour, pour Constance Wilde, par attachement pour Madeleine Gide ou  par passion pour Elsa Triolet.  Presque toutes à part  la duchesse de Windsor qui avait déjà une solide expérience sexuelle, ignoraient les penchants de leurs maris et il fallut souvent un scandale public pour qu’elles le découvrent : l’assignation d’Oscar Wilde par le père de son amant, le coup de revolver du neveu de Jules Verne sur son oncle…


De leur côté, les hommes souhaitèrent ces unions comme un mal nécessaire : pour l’argent mais surtout par convenance.  Le mariage est  en effet, au dix neuvième et une grande partie du vingtième siècle  un gage d’hétérosexualité, surtout quand naissent des enfants.


A travers ces exemples, l’auteur démontre que très souvent, sauf en cas de vengeance terrible (Isabelle  de France qui fit exécuter son mari d’une façon atroce), les femmes des grands hommes mentionnées furent plutôt, une fois mises au courant, d’une fidélité exemplaire à leur mari, caviardant ou brûlant leurs journaux intimes par exemple pour sauvegarder la réputation de la famille.  Mais il serait abusif de faire uniquement porter à l’époque le poids de mœurs rigides dans  lesquelles, les jeunes filles se devaient d’être pures  avant de devenir de futures bonnes mères. Car  Michel Larivière démontre avec brio  que toutes les unions sont possibles si chacun y trouve son compte. Affirmant, sans toutefois citer de noms, que même au vingt et unième siècle, à l’heure du coming out, de nombreux mariages ne sont que de façade.

 

Brigit Bontour


Michel Larivière, Femmes d’homosexuels célèbresLa Musardine, 141 pages, 18 euros

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