Quand Mike Mignola s’attaque à l’univers d’Alien

Aliens Absolution

 

Panique à bord du Nova Maru : sombrant dans la démence, le capitaine du vaisseau spatial descend tous ses hommes d’équipage, excepté Selkirk, le plus croyant de tous. Rescapés à bord d’une navette de secours, ils s’écrasent sur une planète inconnue et hostile. La folie du capitaine ne cesse de croître si bien que Selkirk se voit obligé de le tuer. Le voici maintenant seul, sans eau ni nourriture, et contraint de retrouver l’épave du Nova Maru s’il veut avoir une chance de survivre. Seulement, les mystérieuses et féroces créatures que transportait le vaisseau dans ses soutes se sont libérées…

 

Avec Alien 3, le réalisateur David Fincher signait en 1992 un des meilleurs volets de la saga cinématographique Alien. Pour rappel, la capsule de sauvetage de Ripley s’écrasait sur Fiorina 16, planète isolée sur laquelle était construit un pénitencier de haute sécurité. Mais aux origines du projet, Fiorina 16 devait être une sorte de « planète monastère » habitée par des religieux. Au terme d’une longue série de difficiles réécritures (Alien 3 est presque un cas d’école), ne subsistera vaguement de cette dimension religieuse que le personnage de Dillon, interprété par Charles S. Dutton.

 

Il faut croire que cette thématique a plu à Dave Gibbons et Mike Mignola, puisque quelques années plus tard, ils reprennent à leur compte ce thème dans Aliens Absolution (Aliens Savation en VO). Le moins qu’on puisse dire c’est que le développement est ici bien plus efficace que dans Alien 3. On y retrouve l’ambiance survivaliste de la saga, transportée cette fois-ci en pleine jungle. Et cet environnement donne parfois au titre une petite touche de Predator, un autre grand film d’action des années 80. Survie, action, religion : Dave Gibbons parvient à mêler ces thèmes avec succès dans un récit très condensé qui file à toute vitesse. Un rythme bienvenu qui permet de souligner le sentiment de danger et d’urgence permanente qui plane sur Selkirk.

 

Les amateurs des films retrouveront les figures imposées, donc, avec des Aliens qui rôdent, invisibles, prêts à bondir. La tension monte jusqu’à un final où les auteurs relâchent la tension pour privilégier l’action. Entre-temps, l’évolution du personnage de Selkirk sera l’occasion de développer la thématique du pardon et de la rédemption.

 

Mike Mignola se charge de la mise en images. En 1993, le premier épisode d’Hellboy (Les germes de la destruction) n’est pas encore sorti, et Mignola n’est pas encore connu des lecteurs. Pourtant, il a déjà délivré quelques titres remarquables : une très jolie adaptation du Dracula de F. F. Copolla, Fafhrd et le Souricier gris, ou encore L’Odyssée cosmique qui présageaient déjà d’une forte personnalité visuelle. Il a aussi réalisé deux sublimes histoires autour de Batman : Sanctum (réédité il y a peu chez Urban Comics, on y reviendra très vite dans ces pages) et le génial Gotham by Gaslight, sur un encrage de l’excellent P. Craig Russel (histoire qui mériterait une réédition de toute urgence).

 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le style de Mike Mignola colle parfaitement à l’univers Alien. Le combat de ce prêtre contre les démons, et ses propres démons, est magnifiquement souligné par les noirs profonds et tranchants de l’artiste, relevés par une restauration fort bien venue. De la belle ouvrage.

 

À noter qu’il existe trois versions de ce titre : l’édition simple, l’édition « limitée » avec un joli fourreau (tirée à 500 exemplaires), et l’édition « grand format » dite RAW en noir et blanc pur.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Dave Gibbons (scénario), Mike Mignola (dessin)

Aliens Absolution

Édité en France par Wetta (28 avril 2016)

Collection Replay

56 pages en couleurs sur papier mat sous couverture cartonnée

13,00 euros

ISBN : 9782360740628
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