Audrey Hepburn, histoire d'une femme d'exception

Le diamant éternel


Au fil des ans, on ne cesse de redécouvrir Audrey Hepburn et c’est tant mieux. Trop longtemps parce que trop discrète, elle se retrouva un peu dans l’ombre d’une Marilyn Monroe. Mais elle a trop marqué son époque et certains films pour qu'on l'oublie. Il suffit de se souvenir de Diamants sur canapé pour se rappeler à quel point elle irradiait. Ce film est magnifique, bien sûr, et la scène de début fait désormais partie de la belle anthologie du cinéma. Personnellement j’ai également un gros faible pour Comment voler un million de dollars et pour le charmant Charade.


Plusieurs livres sont déjà parus sur sa vie somme toute beaucoup moins idyllique qu'on pourrait le croire. Car, si sur le plan professionnel, Audrey a tout réussi, il n'en fut pas de même sur le plan sentimental. Elle ne trouva le bonheur tranquille et total que sur les neuf dernières années de sa vie. Avant cela, ce fut le tumulte.


Ce nouveau livre réunit à la fois la biographie, des photos et un peu de musique puisqu'il est accompagné par un CD de dix titres composés de chansons et musiques tirées des films joués par la belle brune.


La partie photographie est indispensable. Elle permet de revoir Audrey, toujours impeccablement belle et élégante qu'elle que soit la situation, quel que soit le film. Cette femme-là était une princesse, une vraie de la race de celles qui ne sont jamais méprisantes bien au contraire. Ben Gazzara raconte d'ailleurs (p 170) : « Elle avait l'air d'une princesse. Quand vous avez ce don, vous n'avez pas besoin de grand-chose d'autres. Je n'ai jamais entendu un gros mot sortir de sa bouche. Et je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire une vulgarité devant Audrey. »


Cinématographiquement, sa carrière fut relativement courte. Des débuts (après de petits rôles) éclatants dans Vacances romaines jusqu'à Seule dans la nuit, quinze ans plus tard, film après lequel elle prit une semi-retraite, préférant se consacrer à ses enfants. Car Audrey ne fut jamais une représentante du star-system hollywoodien. Elle accueillit le succès avec le sourire mais réussit à ne pas en être dupe et s'en détacha avec élégance. Cela fit sa force et cela explique aussi pourquoi l'on continue à l'apprécier presque vingt ans après sa disparition. N'oublions, pas, élément fondamental, son implication dans l'Unicef. Non pas une manière de garder les projecteurs braqués sur elle (elle n'en avait ni besoin ni envie) mais un sincère élan du cœur. Élan qui remonte à loin puisqu'en 1952, au moment où elle rompit ses fiançailles avec un riche héritier britannique, Audrey demanda que sa robe, fabriquée à Rome, fut offerte « à la plus jolie et la plus pauvre Italienne » en passe de se marier.


Telle était Audrey Hepburn et telle on la retrouve dans cet album.


Si la partie photographie est digne d'éloges, il n'en va pas de même pour la partie biographie. Un cruel manque de relecture a laissé passer des erreurs grossières. Ainsi il est écrit (p 61) que Audrey reçut un Tony Awards trois jours après son Oscar, mais (p 78) ce même Oscar lui fut décerné trois jours après son Tony ! On apprend, avec un peu de stupeur, que Fred Astaire (son partenaire dans Drôle de frimousse) était « de 57 ans son aîné » (p 60). Heureusement pour la crédibilité de leur romance, leur différence d'âge n'était que de trente ans (presque jour pour jour). Idem pour Gary Cooper (son partenaire dans Ariane) qui est (p 86) « de 55 ans l'aîné de la jeune et fraîche Audrey » alors qu'ils n'étaient séparés « que » par 27 ans (là aussi presque jour pour jour). Quant au remake de Sabrina, il ne fut pas du tout réalisé par Billy Wilder (p 80), qui avait déjà signé l'original, mais par Sydney Pollack. Toutefois, ce qui m'a le plus amusé est de découvrir (p 158) qu'Audrey joua avec Richard Wagner dans La rançon mexicaine. Fut-ce le compositeur fraîchement sorti de sa tombe ? Non, il s'agit de Robert Wagner, le bien connu Jonathan Hart du petit écran (L'amour du risque).


Les photos, quant à elles, ne se trompent pas, et restituent la beauté de celle avec qui nous avons tous rêvé de partager un petit-déjeuner chez Tiffany...


Philippe Durant


Michael Heatley, Audrey Hepburn, une vie, un destin, Milan, novembre 2012, 192 pages, 20,99 €

 

 

 

 

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