Eden dérisoire : Mirka Lugosi

                   

Féministe et critique de la société de consommation (entre autres) Mirka Lugosi utilise parfois une esthétique volontairement kitsch. « Institut Beauséjour » en fait partie. A demi dénudée la femme s’expose pour défier ironiquement les lois de la gravité. Elle n’oublie jamais de sourire et se plait à jouer les poupées maquillées à outrance et chosifiées. Mirka Lugosi travaille une atmosphère girly de certaines images hollywoodiennes des années 60’. Mais là où dans les films les images ne font que passer, l’image fixe permet d’insister sur les stéréotypes sans pour autant chercher à donner des leçons.
Provocante la femme subit une beauté fabriquée qu’elle doit assumer. Fille de tous elle devient fille de rien mais reste sauvée par le regard de l’artiste. Elle vient percuter les murs de la mémoire par nostalgie tout en permettant la critique d’un présent ravagé mais qui dans ces mises en scènes propose un fantôme autour duquel louvoie une forme de volupté. Kitsch et vintages la femme n’est jamais enchâssée dans un décor. Le livre délimite les frontières visuelles d’un écrin à hantises :  son "vide" laisse apparaître la playmate afin de mettre en évidence une problématique du conditionnement du féminin sous forme d’énigme d’un rapport du passé au présent. Il relève moins d’un culte rendu au passé qu'une rigoureuse critique du matérialisme.


Jean-Paul Gavard-Perret


Mïrka Lugosi • Institut Beauséjour, editions de la salle de bains, 6 e., 2015.

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