I Hate Models : enfant secret plus que fils indigne

La musique électro française a toujours de bonnes surprises à offrir. En témoigne le producteur I Hate Models. L'artiste cultive le secret (sans doute pour contrecarrer le culte du moi) même si - apparaissant toujours avec un bandana qui cache la moitié de son visage - il cultive une image en un rappel à d'autres créateurs du genre. Mais sous le tout à l'égo - à la fois contrarié et entretenu - se cache un réel inventeur reconnu par Depeche Mode et Aphex Twin avec lesquels ou pour qui il a travaillé.

Loin des trucs plus ou moins surjoués d'un romantisme post ou pré apocalyptique de la machinerie industrielle du moment, il trempe son électro dans d'autres matières - new-wave et trance. Voire parfois métal. Par à coups l'album lorgne du côté du dancefloor - mais ce n'est pas désagréable du tout. Au contraire même car derrière cet aspect ludique demeure la signature propre à cet enfant secret adoubé par le label anglais Perc Trax.

Certes IHM flirte parfois aussi avec des nappes brumeuses soulignées par sa voix fantomatique. Mais très vite la pression remonte. Et la lumière sonore aussi. Si bien que - au milieu de toutes ses racines et in fluences - l'artiste n'est jamais écartelé : il avance à sa main, en diverses digressions et avec une énergie qui fait de cet album un opus à suivre. Et son auteur aussi.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

I Hate Models, L'Âge des métamorphoses, label Perc Trax, 2019

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.