Nathalie Quintane : Les morts ont la vie dure, à nous d’en profiter

Nathalie Quintane rappelle que la sur-vivance des morts reste dans notre origine et notre développement. Ils échappent parfois cruellement mais ils sont liés autant - voire plus - à notre physiologie qu’à une douteuse visitation transcendantale. Les, nos défunts provoquent nos descentes d’organes, les sonorisent, leur donnent de la vue, du son et de l’intelligence. Ils nous permettent de parler et d’écrire, yeux ouverts, yeux fermés.


La menace des morts est activée depuis toujours. Mais la peur des fantômes doit être comprise comme une bienfaisance. Ils accumulent en nous l’expérience de notre environnement, nourrissent nos images mentales et insinuent les règles d’une relation première au langage Nathalie Quintane l'illustre pas sa littérature de plaisir, de lucidité, de jouissance  Elle rappelle que nos défunts sont  partout et nulle part comme l’infini Pascalien. C’est à partir de leur propre déjà vu que nous identifions les éléments du visible. Nos morts sont donc notre  respiration du visible, sa connaissance.


Nathalie Quintane n’en tire pas pour autant des plans sur la comète. Elle reste aussi consciente des manipulations qui ont servi et servent encore tant d’escrocs et d’illuminés (qu'elle présente) à fournir des réponses là où il n’y en a pas ou à berner des humiliés. L’auteur se « contente » de réanimer avec jouissance un savoir. Des images circulent dans l’invention même de la langue que la créatrice d’exception ne cesse de ré-incarner pour résister - par les disparus qui ont la vie dure - à l’abrutissement d’une culture « occupée ».


Jean-Paul Gavard-Perret


Nathalie Quintane, Descente de médiums, P.O.L, avril 2014, 192 pages, 14,50 € 

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5 commentaires

heu... je ne sais pas, vous, mais moi  qui n'ai que mon tout petit bac philo, il me faudrait quelques explications, svp, sur ces deux phrases de maître JPGP :
1/ "Les, nos défunts provoquent nos descentes d’organes, les sonorisent, leur donnent de la vue, du son et de l’intelligence." ????
2/"
Des images circulent dans l’invention même de la langue que la créatrice d’exception ne cesse de ré-incarner pour résister - par les disparus qui ont la vie dure - à l’abrutissement d’une culture « occupée »." re ????
Si un lecteur intelligent , patient, et doué pour la vulgarisation des concepts philosophiques pouvait , en quelques phrases simples expliciter ce que le chroniqueur a voulu dire par là, qu'il en soit par avance remercié.

J'ajouterais que ce monsieur pourrait au moins se relire, notamment le titre, parce que "à nous n'en profiter", ça piquouille... 

j'ai corrigé la faute de frappe du titre, pour le reste je me garderais bien d'intervenir... 

Un vulgaire lecteur sans concept philosophique répond à Prout(ch) qu'il ne faut pas tondre la pelouse avec des ciseaux . Nathalie Quintane et JPGP sont tout simplement lucides avec poésie et talent sur les vivants passeurs de leurs ancêtres  .

Cher Villeneuve, je peux comprendre l'admiration que vous portez à ces deux grands poètes des temps modernes, mais vous n'éclairez hélas pas ma lanterne : il me semble que la lucidité poétique  ou la tonte de la pelouse n'ont que peu à voir dans le fait que ces phrases sont incompréhensibles  pour le vulgum pecus (dont j'ai la fierté de faire partie).

Allez, lancez vous, oubliez les déclarations d'amour et les allusions potagères, et faites nous un vrai petit effort de vulgarisation... les deux phrases que j'ai citées, elles veulent dire quoi?