Sandman, tome 0 – Ouverture

En 1996, Neil Gaiman mettait un terme à une histoire commencée en 1989. Sandman est unique pour plusieurs raisons. Le traitement si particulier de la série et son ambiance onirique lui ont permis de se démarquer de la production américaines et d’être le seul comic-book à remporter le prix World Fantasy. Depuis 1996, DC Comics, l’ayant-droit, aurait pu profiter du succès du titre et décliner la série ad nauseam, mais jamais l’éditeur n’a semblé vouloir écorcher l’image d’un de ses best-sellers.

 

Et 25 ans après, Neil Gaiman décide de revenir sur le personnage qui l’a fait connaître. Plutôt que d’écrire une suite qui ne s’impose vraiment pas, Gaiman choisit d’écrire une préquelle et d’éclairer les événements qui précèdent le tout premier épisode. Dès qu’on tient cette Ouverture entre les mains, un constat s’impose : on sent bien que tout a été fait pour respecter dans les moindres détails les passionnés. Dave McKean est même revenu pour réaliser les couvertures. DC a mis les petits plats dans les grands.

 

Neil Gaiman n’écrit pas pour autant une préquelle pour les débutants et n’édulcore pas le traitement si spécial de la série : si vous avez apprécié la série, vous allez retrouver le ton et l’atmosphère onirique de l’auteur. Et si vous n’avez jamais lu Sandman, Ouverture est l’occasion de vous « frotter » à la série. Attention, c’est un style réellement à part entière qui pourra vous dérouter tant l’œuvre peut par moment sembler hermétique. À titre de comparaison, on retrouve un peu le même traitement ésotérique qu’un David Lynch au cinéma. Toutes les réponses ne vous sont pas forcément offertes ni précises. Sandman nécessite un minimum de concentration et d’implication. Mais le jeu en vaut largement la chandelle. Soulignons au passage le travail de traduction de Patrick Marcel, sur un titre particulièrement complexe à travailler.

 

Un travail porté et même transfiguré par le dessinateur J. H. Williams III. L’artiste n’avait jamais travaillé jusqu’à présent sur la série, mais rappelons qu’à la fin des années 90, on le trouvait aux pinceaux du fabuleux Promethea d’Alan Moore, déjà un classique fortement teinté de mystère et de magie. J. H. Williams III apporte en plus d’un graphisme raffiné, une mise en page très recherchée.

 

Mine de rien, Ouverture est un petit exploit. Neil Gaiman parvient à satisfaire les anciens lecteurs sans jamais renier ou trahir l’œuvre originelle. Mieux encore, il réussit à faire de cette Ouverture un magnifique récit d’initiation pour les néophytes. Si vous ne connaissez pas Sandman, et que vous hésitez à vous lancer, Ouverture vous permettra de vous faire une idée d’un classique des comic-books.

 

Un cas rare pour une œuvre éminemment précieuse.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Sandman, tome 0 – Ouverture

Édité en France par Urban Comics (9 décembre 2016)

Collection Vertigo Essentiels

Traduit par Patrick Marcel

22,50 €

248 pages en couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

EAN : 9782365778749

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