Pieux Rolling Stones

                            

Il fut un temps où les Rolling Stones s’emparèrent du blues pour le renouveler. Il faut se souvenir de « Exile on Main Street » qui finalisa ce que le groupe créa d’abord en métamorphosant des morceaux originaux du genre. Leur dernier album - couvert par une médiation dithyrambique - renoue avec cette racine profonde. Le groupe y revisite des classiques du blues. C’est bien fait, c’est propre. Et pourtant la magie n’opère pas.

 

Du moins pas en totalité. Sans doute parce qu’un tel genre a besoin de famine.  Et les Rolling Stones depuis longtemps ont moins faim. Ils font de leur mieux mais la soul tellurique les a quittés. Là où un Leonard Cohen ou un Neil Young fit ou fait preuve de fraîcheur et  sans que « Blue & Lonesome » ait un gout de faisandé, la musique reste simplement appliquée. Ceux à qui il fut reproché d’avoir « blanchit »  l’âme et jusqu’à la gestuelle des noirs pour l’intégrer à une culture main-street (ce qui était sans doute exagéré) font œuvre ici uniquement de piété. Et on peut le regretter.

 

Ce « tribute »  devient une sorte de lumière oblique sur leurs albums majeurs, un au revoir tacite au monde. La musique a quitté les tripes pour le cerveau. Cela s’entend, peut séduire mais n’envoûte aucunement.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


The Rolling-Stones, “Blue et Lonesome”, Promotone, Polydor, 2016

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