Bedlam, tome 2 - Le mal, c'est ce que j'ai fait ou ce que je suis ?

Ecrivains et auteurs Nick Spencer

Editeur Image Comics Les Humanoïdes Associés

Bedlam, saison deux.
Il y a une dizaine d'années, le tueur en série Madder Red a massacré deux chefs religieux, avant d'exposer leurs dépouilles et les ridiculiser. De nos jours, quatre attentats suicides poussent l'inspectrice Acevedo à collaborer avec ce même tueur en série, depuis guéri de sa maladie. L'occasion pour Filmore Press de prouver qu'il travaille maintenant du bon côté de la justice…

Remarqué chez Marvel avec notamment la sympathique série Superior Foes of Spider-Man au succès inattendu vu son sujet (le quotidien d'un groupe de vilains bas de gamme…), Nick Spencer revient dans nos librairies avec ce Bedlam qui constitue une bonne surprise dans le registre de l'angoisse et la terreur, sachant s'en tenir à un beau mélange entre humour noir et sérieux, sans toutefois dévier de sa trajectoire inquiétante.

Avec ce deuxième tome, Spencer a su réactualiser une énième variation sur la figure du serial killer, auquel il donne toutes les apparences d'une parabole sur la nature du mal qui sommeille en chacun de nous.

Avec un aspect visuel sauvage qui souligne la rage interne du personnage principal, Ryan Browne obtient une attention permanente de la part du lecteur, qu'il entraîne de nuits d'horreur en flash-back qui ne laisse pas de répit à Madder Red. Le tout se déroule dans une succession de pages noir et blanc (soulignées de rouge, sang évidemment) et de pages couleurs, jusqu'au final, qui répond peu ou prou à la question qui se pose en couverture : le mal, c'est ce que j'ai fait ou ce que je suis ?

De manière indirecte, Spencer développe là un what if… ? dans lequel le Joker aurait pris la décision de travailler pour la police de Gotham. Mais son travail se heurte toutefois par moment au même écueil que la série tv Dexter à savoir que le récit, trop improbable, fonctionne essentiellement sur la suspension d'incrédulité du lecteur et le charisme du tueur psychopathe.

Suspens et frisson sont malgré tout là, avec une économie de moyens appréciable et un dessin attrayant et en totale adéquation avec son sujet.