De la paix à la guerre, l’histoire de l’hôtel de Brienne

Parmi les belles résidences qui parsèment le quartier, celle-ci s’inscrit dans les premiers rangs. Le quartier est celui de Saint Germain, à Paris. La résidence est l’hôtel de Brienne, du nom « d’une famille de robe des environs de Limoges, montée dans l’échelle sociale grâce au service du roi depuis Henri IV ». Le comte de Brienne, répondant aux prénoms de Athanase-Louis-Marie, fait en 1776 l’acquisition de l’ancien hôtel de Conti qui prend cette appellation qui désigne depuis le lieu où travaille le ministre de la Défense. Fastueux palais évoquant les grâces du règne de Louis XV, avec ses dorures et ses angelots d’amour, il abrite de magnifiques collections de tableaux, de porcelaine et du mobilier de grand prestige. Les plus grands noms de nos pages militaires, tant anciennes que récentes, sont attachés à cet endroit et y ont écrit des actions notables, comme ceux de Berthier, Soult, Clemenceau, Lyautey, Maginot ou encore Messmer et surtout Charles de Gaulle qui décide, au lendemain du débarquement de 1944, depuis ce bâtiment aussi légendaire qu’élégant, de « refonder l’Etat ».


Les sources pour retracer les étapes successives des aménagements et des travaux effectués à  l’hôtel de Brienne sont nombreuses. Les plans en montrent la rigoureuse simplicité et les fantaisies qui lui donnent son originalité. Un des architectes, originaire de Langres, Nicolas Simonet, était chargé de l’entretien des bâtiments et d’en suivre « les extensions foncières ». La princesse de Conti, dont un charmant portrait a été réalisé par l’atelier du peintre Pierre Gobert (1662-1744), « fit ajouter à l’édifice, dans le courant de 1735, un petit bâtiment pour disposer d’un nouvel appartement des bains ». Le 11 mars 1918, l’hôtel subit des dégâts qui heureusement ne l’endommagent pas trop. En 1993, il est classé au titre des Monuments historiques.


Toute l’histoire de cette maison aristocratique et républicaine est émaillée de patronymes qui ont eux aussi engagé, intégré et transmis son passé glorieux, les La Vrillière, Conti, Bourbon-Condé, Bonaparte, présents à côté des artistes sans doute moins connus mais dont les œuvres insignes la décorent avec raffinement, Jacques-Philippe de Beauvais, Jacob, Bertrand Molitor, Eugène-Romain Thirion. C’est la longue histoire, trop méconnue, d’un site emblématique parisien que ce bel ouvrage invite à découvrir et à lire à la lumière de textes rédigés par ceux qui en sont les meilleurs connaisseurs et que de splendides photos illustrent.

 

Dominique Vergnon

 

Emmanuel Pénicaut, Alexandre Gady, Jean-Pierre Samoyault, L’hôtel de Brienne, coédition  Nicolas Chaudun - ministère de la Défense, 192 pages, 24x34 cm, 55 euros. 

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