Entretien avec Nicolas Pétrimaux, entré en BD sous le signe des zombies

Quelle meilleure opportunité pour un jeune dessinateur que d'intégrer le grand projet Zombies d'Olivier Péru et d'avoir la responsabilité d'un album ? C'est ce qui est arrivé à Nicolas Pétrimaux,qui devra remercier les zombies de lui ouvrir la carrière de si belle manière, même si ce n'est pas son univers propre. Nous l'avons rencontré au Festival de la Bande Dessinée à Angoulême.



Vous prenez la suite d'autres dessinateurs dans la série Zombies. Comment appréhendez-vous cette « mission » ?

Ce n'est pas vraiment la suite, c'est un projet annexe. Il y a la série Zombie créée par Olivier Peru et Sophian Cholet qui ont décidé de développer l'univers de la série à travers des spin-off, et chaque album est indépendant, et exploite différents schéma narratifs. Dans les spin-off on va être un peu plus dans l'immédiateté, comment le virus s'est propagé, comment les communautés s'organisent, dans différents endroits du monde les gens font face au virus.


Vous n'êtes pas très gentil avec le président Hollande, qui est clairement identifiable comme le président français pleutre au début de l'album...

Il faut dire qu’il ne nous épargne pas vraiment... Oui, il nommé, il n'a pas de belle valeur. C'est comme cela que le voyait Olivier Peru. Mais au delà de l’acharnement sur Hollande, je pense que c’est plus un état d’esprit qui est montré du doigt. Si d’autres avait été à sa place, je pense que le traitement aurait été similaire !


Comment se passe la relation avec Olivier Peru, le scénariste qui porte l'ensemble du projet ?

Ça c'est fait en trois étapes. La scène d'introduction était très écrite, avant même le Hollande-bashing. A l'issu de cette scène, on a beaucoup travaillé sur le personnage principal, ses rencontres, les étapes qu'il allait devoir passer pour sa transformation morale. Il a écrit la première moitié du scénario, qu'on a revu ensemble pour des détails de mise en scène. Je n'aime pas qu'on me guide trop, j'aime vraiment faire la mise en scène. Je ne prendrais pas de plaisir à dessiner le scénario trop cadré, j'ai besoin de m'approprier l'histoire et Olivier a totalement respecté cela. A part la scène d'introduction, très écrite, j'ai été assez libre : il me donnait les dialogues, les actions, et c'était à moi de me débrouiller pour mettre en scène. J'ai eu la confiance de tout le monde, l'éditeur, Sophian, Olivier, un vrai soutien

Mon expérience m’a appris qu’il était parfois C'est dangereux de travailler avec des amis, mais dans ce cas précis, ça s'est très bien passé !


Vous vous êtes inspiré des archétypes zombies des tomes précédents ?

Je ne me suis pas vraiment inspiré du travail de Sophian, dans le sens où il m’a très clairement demandé de conserver ma "patte graphique". Cela ne m’empêchait pas parfois de regarder ses dessins pour comprendre ce que ses lecteurs attendaient, la densité des détails, les écorchés, la chair, domaine où il excelle et moi moins. Il fallait que je ne trahisse pas le lectorat de la série. Le personnage sur lequel on a le plus échangé est Charles, le personnage principal, sorte de Clint Eastwood dans la Ligne de mire, homme d'action qui parle peu et qui renferme ses propres valeurs au sein d'un système qu’il a longtemps subi, et qui soudain s'écroule. Cette liberté va le confronter au réel, lui rendre son humanité, ce n'est plus la marionnette qui protége le président. Les trois personnages principaux sont Charles, Benardi, le compagnon de route un peu pénible qui sert à détendre l'ambiance, et Camille, la grand mère anarchiste qui n’a pas la langue dans sa poche… Ensemble, ils vont évoluer et chaque personne va affecter les autres.


Vous vous réclamez, pour l'inspiration, de l'incontournable Walking Dead ?

Je connais très peu Walking Dead, je n'ai pas lu les albums mais j'ai vu la série télé. Mais je suis admiratif de cette démarche, faire vivre ses personnages sur du très long terme, avec régularité, faire vivre un monde et fasciner son lectorat. Il y a différentes manières de traiter le sujet « zombie », et dans la série Zombies Olivier a mis une touche d'espoir qui n'est pas forcément présente dans Walking Dead  dont l'approche est plus dramatique.


Et d'autres zombies après ?

Non, je vais partir sur des projets personnels. Mais le scénariste m'a beaucoup apporté. Je suis plus proche du format Comics, et le format franco-belge m'a demandé d'être plus concis et strict. Les séquences contemplatives coûtent chères, dans une pagination d’album classique.

J'ai d'autres univers à faire vivre, moins sérieux, plus absurde et second degré. Comme je partage mon temps avec une autre activité professionnelle, je prends mon temps, et Zombies Néchronologies m’a permis une petite reconnaissance, et une première visibilité, et d’une certaine façon, l’opportunité d’attirer l’attention sur mes univers et mes envies.


propos recueillis par Loïc Di Stefano

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