Dictionnaire du cinéma italien

On ne le répétera jamais assez : les dictionnaires restent des instruments indispensables. A l’heure où tout le monde se précipite sur Internet pour y glaner des informations souvent fausses ou tronquées (méfiez-vous de Wikipédia et de ses émules !), rien ne vaut le dictionnaire rédigé par des personnes connaissant leur sujet.

Tel est le cas de celui-ci qui porte sur le cinéma italien. Vaste sujet. Ô combien riche ! Car entre le néo-réalisme, les péplums, les mélodrames, les westerns dits spaghettis, les giallo et les films « à téléphone blanc », l’Italie a brassé des sujets avec un appétit glouton. Elle a aussi marqué l’Histoire du cinéma de son empreinte. Dans les années 70, notamment, toute l’Europe ne jurait que par les films italiens, jonchés de chefs d’œuvre. Et combien de grands auteurs ? Il suffit d’en détacher Luchino Visconti et Federico Fellini pour comprendre ce que la botte transalpine a apporté au cinéma.

Une bande de passionnés, menée par Mathias Sabourdin (et avec le soutien de la cinémathèque de Toulouse), a décidé de prendre le sujet à bras le corps et de traiter de tout le cinéma italien. S’agissant d’un dictionnaire, les entrées s’y font par noms (et par ordre alphabétique !). Sont présents les gens de derrière la caméra : réalisateurs et techniciens (décorateurs, musiciens, scénaristes…) Les pulpeuses actrices et séduisants acteurs auront peut-être droit à un autre volume mais, en tout cas, ne forment pas le propos de cet épais dictionnaire.

Pour chaque personnalité, une fiche complète. Quelques lignes biographiques suivies par une analyse de l’œuvre. Là que le bât blesse, un peu. Bien que n’étant pas friand d’analyses, je n’ai rien contre, mais à condition qu’elles ne s’envolent pas vers des hauteurs inatteignables. Ici, parfois, elles relèvent plus de la thèse universitaire que de l’ouvrage de vulgarisation. Inutile d’aller trop loin ni d’employer des mots savants pour faire sérieux, l’étendue des connaissances contenues dans ces 1200 pages suffit à convaincre le lecteur.

Ces innombrables articles permettent de mieux appréhender le cinéma transalpin et, partant, de mieux le connaitre. Ils sont précédés par une très intéressante (petite) histoire du cinéma italien, rappelant les faits saillants et les mouvements qui l’ont secoué. Clair, précis et concis. De même pour les annexes qui contiennent notamment un box-office des films italiens depuis 1945. Epreuve difficile à réaliser car longtemps les méthodes de comptabilité italiennes ont été floues ! Pour chaque année sont répertoriés les plus grands succès, ce qui, bien sûr, n’est pas sans surprises. Où l’on s’aperçoit que Don Camillo fut un héros très populaire et que le couple Terence Hill – Bud Spencer a plus d’une fois cassé la baraque (dans tous les sens du terme). Ne pas oublier le très précieux et très complet index.

Il est évident que tout amateur de cinéma italien (et même de cinéma en général) se doit de posséder un tel ouvrage. Comme tout dictionnaire, il ne s’agit pas de le lire d’une traite mais de s’y référer par curiosité ou par nécessité. Certains noms réveillent des souvenirs, éveillent des images… sur des airs de Nino Rota ou Ennio Morricone.



Philippe Durant


Sous la direction de Mathias Sabourdin, Dictionnaire du cinéma italienNouveau monde, 1240 pages,  septembre 2014, 36 €

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