Olivier Adam porté par le vent de l’insouciance

Comme ce volant de badminton qui n’en fait qu’à sa tête. Au plus petit souffle d’air qui se lève et alors la partie entreprise en plein air devient totalement aléatoire. On retrouve Paul. Le double d’Olivier. Exit donc l’autofiction, quoique… Toujours est-il que l’on reste dans le domaine connu de l’exception sociale. S’entend les complexes de la classe moyenne. Trop pauvre pour en jouir. Trop riche pour ne pas aider les autres… Et voilà Paul en écrivain maudit. Raté à ses yeux. Pris dans les rets de l’âge avancé. Perdu quelque peu, il quitte la capitale pour recouvrer sa Bretagne d’enfance. Saint-Malo et ses environs. Il embarque dans son vague à l’âme femme et enfants. Mais fuir n’a jamais été la solution. Le changement radical n’est pas du goût de tous. Surtout des enfants ! Paul est amer. Les fastes de la reconnaissance éditoriale. Les paillettes de la vie mondaine. Les subterfuges de la pseudo vie culturelle lui manquent… Et point d’orgue : souci d’argent !

Heureusement, une fois encore, c’est la femme qui fait bouillir la marmite. Combien d’artistes doivent leur survie à leur femme ?! Elle enseigne au lycée de Rennes. Donne des cours aux migrants. On n’est jamais assez généreux… Paul finit par dégoter un job de gribouille dans un canard local. Plus dure sera la chute. D’autant que Paul découvre qu’il y a plus grave dans la vie que des livres invendus. Voir sa femme prendre amante, par exemple… C’est sa virilité qui en prend un coup ! Puis la mort d’un ami vient ponctuer la glissade en libérant d’anciens souvenirs. Des secrets bien enfouis sous le sable.

Est-ce un roman qui tourne autour du récit d’une vie quelconque ? Ou doit-on y voir en filigranes tous les travers contemporains d’un père englué dans les relations familiales conflictuelles ? Pour peindre une société qui se délite, on tombe parfois dans la caricature. Olivier Adam n’échappe pas à la règle. Mais cela permet aussi – en forçant le trait – de dénoncer ce qui dérange. De forcer à voir. De secouer. Trop de torpeur en ces temps maudits. La France coupée en deux : Paris et les grandes villes d’un côté, la campagne de l’autre. Et la peur comme ciment social. Chirac parlait de fracture. On en est aujourd’hui à un gouffre. Un océan sépare deux mondes qui ne se voient plus…

Annabelle Hautecontre

Olivier Adam, Une partie de badminton, Flammarion, août 2019, 384 p.-, 21 euros
Ce roman fait partie de la seconde sélection pour le prix Interallié 2019

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