Karpathia de Mathias Menegoz : un bon moment romanesque

L’histoire : Nous sommes à Vienne en 1833. Le comte Alexander Korvanyi est un jeune capitaine de 28 ans de l’armée impériale austro-hongroise. Après la mort de son père et de son cousin ce jeune hongrois devient l’unique héritier d’immenses domaines dans la lointaine Transylvanie. Seize mois auparavant, encore lieutenant, Alexander était en garnison à Bad Schelm en Styrie quand l’incendie de la toiture de sa caserne oblige les officiers à trouver refuge à l’hôtel, chez l’habitant, ou pour les plus chanceux à l’annexe du bordel… Le jeune comte, lui, trouve l’hospitalité chez le baron von Amprecht père de l’un de ses camarades d’école. C’est là qu’il rencontre et noue une liaison avec Charlotte Amélie von Amprecht surnommée par tous Cara, dix-huit ans, cavalière émérite et amatrice de chasse.


La carrière d’Alexander dans l’armée est prometteuse mais de mois en mois l’ennui et l’amertume le gagnent. Le terrain est préparé pour qu’Alexander réponde favorablement à l’injonction de Cara : elle n’épousera pas un militaire. C’est à la suite d’un duel qu’il quitte l’armée, épouse Cara et part vers ses terres de la Korvanya. L’état du château, l’accueil des autochtones et celui de son intendant lui font très vite prendre conscience de l’écart entre la représentation rêvée et la réalité du terrain. La Transylvanie de 1833 c’est une poudrière peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques. Tous sont sous le joug d’un régime féodal, les serfs dressés les uns contre les autres par des traitements différenciés selon leur origine qui ne demandent qu’à s’enflammer et à saisir toutes les occasions d’échapper à leur destin.


Mon avis : Il n’est pas fréquent qu’un auteur français s’aventure sur les terres de l’empire Austro-Hongrois et pourtant quel meilleur terreau pour raconter des histoires ? Il faut sans doute avoir une mère hongroise… La Transylvanie, entourée par les Carpates, est une région de plateaux, de collines et de vallées, peuplée de Roumains, de Hongrois et d’Allemands. Le mystère et la magie de cette région nous font passer un bon moment romanesque : des contrebandiers, une jeune fille à protéger, un couple détonnant ambitieux et caractériel, des rumeurs de vampires, des paysages somptueux et les prémices des remaniements territoriaux à venir. Les quinze années de recherches nécessaires à la reconstitution de la trame historique par Mathias viennent renforcer l’histoire.


 J’aime quand un roman me permet de comprendre une situation historique, c’est le cas ici. J’ai pu lire à droite et à gauche que ce roman ressemble à un de ceux d’Alexandre Dumas, c’est un repère qui peut convenir pour aider à un choix de lecture.


Mathias Menegoz, Karpathia, P.O.L, septembre 2014, 704 pages, 23,9 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.