La météorologie des sentiments d'Atiq Rahimi

Le roman d'Atiq Rahimi mêle deux histoires, deux mondes (Afghanistan, Europe) au sein d'une confrontation communicante. Maître en précision l'artiste dit divers types d'étranglements au sein de deux civilisations qui n'ont rien à voir mais dans lesquelles l'auteur crée des passages labyrinthiques et subtils. Ils donnent aux surfaces du réel et au profondeurs des émotions ressenties un aspect étrange.

Elles deviennent des tapisseries de lieux qui à la fois perdent leurs références tout en demeurant des signes clés des paysages premiers. L'auteur ne cesse de travailler des problématiques profondes qui dégagent la littérature de ses situations classiques même si l'amour reste ici une clé.
Mais il est impossible de la tourner au sein des .atmosphères culturelles, leur puissance de fixation.

S’inscrit ainsi en filigrane une sorte d’engagement quasi politique (et poétique). N’est-ce pas là revenir à l’essentiel et passer d'un monde à un autre tout en demeurant fixé à des "fondamentaux" ?
Car si certaines frontières peuvent être traversées d'autres restent hermétiques.

D'où l'aspect tragique d'un livre rare. Il modifie les manifestations de la vie et en transforment leur perceptio en une hybridation riche d’implications. Des phosphorescences mystérieuses jaillissent sur les ruines ou les turgescences de la nature et des cultures. Des abimes se creusent au moment où la vie pourrait se redessiner.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Aitq Rahimi, Les Porteurs d’eau, P.OL éditeur, janvier 2019, 288 p.-, 19 €
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