Louise Chennevière : chiennes de vie

Parade ou exercice d'équilibriste, le livre est constitué de fragments et sections sur les femmes et les violences qu'elles subissent. Dans leur vie il y a "toujours quelque chose qui prend trop de place". A savoir elles-même 'si l'on en croit l'auteure).
Mais personne n"e pouvant s'abandonner, le corps doit tenir même lorsqu'il n'est que "pauvre enveloppe qui voudrait glisser dans l'invisible". Toutefois cet objet du sujet est guetté, les autres le matent à mort, y rodent si bien que "le monde n'est plus qu'un squelette".

Être corps n'a plus rien de simple. Médecin, psy, mères n'ont pas de réponses aux viols incestueux comme au reste. Ecrit sous l'égide de Sade et d'Annie Ernaux, ce livre semble tiré d'un ventre douloureux. Surtout et probablement pour une femme qui le lit. Il insiste sur ce qu'elle subit et qui s'est imposé à l'auteure prise dans un paroxysme. Il se transforme et dérive vers une saturation parfois trop marquée.
Les diverses femmes présentées  inscrivent des histoires - belles littérairement - dans un enchainement d'angoisses et de turpitudes (viol, prostitution, etc.). Elle sont parfois étouffantes dans ce carrousel des maléfices et de la souffrance.

Le roman rappelle ceux de Virginie Despentes. Il casse le silence qu'il faut "normalement" accepter et endurer - enfin presque.  La violence est présente jusque dans la scansion des ponctuations au moment où la noirceur reste la charge subie et comme programmée.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Louise Chennevière, Comme la Chienne, P.O.L., avril, 2019, 256 p., 18,90 €

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