Christine Montalbetti sort le Poisson de l'eau pour ne pas le noyer

Christine Montalbetti parle ici de son arrière arrière grand père Jules Poisson le bien nommé. Elle a décidé d'en savoir plus pour comprendre les amères victoires  qui se cachaient sous les légendes familiales. Par delà l'enquête le livre devient un récit fantastique et troublant.
Son auteur a retrouvé une photo de son ancêtre âgé. Ce qui lui permet – entre autres indices – de réviser sa biographie de jardinier au Jardin des Plantes puis de botaniste lumineux à l'Institut des Sciences. Né en 1833 il est le contemporain des  naissances des nouvelles investigations et des progrès techniques.


Elles furent rarement chroniquées et paradoxalement par les sociologues de l'époque : Durkheim en premier qui en penseur affligé (parfois affligeant) et neurasthénique les passe sous silence.  Mais Christine Montabetti répare de tels oublis en redorant avec humour, élégance et raison l'image de son ancêtre.
Loin de la métaphysique Poisson porta en effet un regard inédit sur la nature mais il a été trahi par ceux qui ont chroniqué son existence de manière désinvolte. Son héritière corrige donc ces erreurs et montre comment il a perçu la beauté de la nature.
L'enquête ou plutôt la fiction illustre par ailleurs comment la légende familiale elle-même a réinventé une vie. Christine Montalbetti la reprend par son imaginaire. Il met en œuvre ce superbe récit et sa rêverie.

L'auteur y ménage des parenthèses ironiques sur l'enquête généalogie afin de créer un espace empathique subtil et curieux sur celui qui eut parfois de belles intuitions scientifiques.
Ce travail subjectif est en conséquence bien éloigné de celui des chercheurs qui foncent le nez dans le guidon. Tout ici renverse l'historicité savante des sciences. L'imagination en rien morte  ne cesse d'imaginer encore.

Jean-Paul Gavard-Perret

Christine Montabelti, Mon ancêtre Poisson, P.O.L., août 2019, 240 p.-, 19 €

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