Les poulets mal assis de Lucie Rico

La fable écologique de Lucie Rico tourne au conte fantastique et horrifique. il n'est pas sans rappeler le Truismes de Marie Darrieussecq paru naguère chez le même éditeur. Au cochon fait place la poulette. Paule l'héroïne a pour mission de les élever pour les tuer et ce, au moment où l'orpheline de mère doit reprendre l'élevage maternel.

Tentant de combler ce vide Paule est suivi  tout au long de  ce "chant" construit dit son auteure de la même manière que le marketing fabrique des contes, jusqu’à nous faire croire que les animaux que nous mangeons sont d’adorables bêtes, saines et dévouées, avec lesquelles nous avons une relation.

Dès lors tout se complique pour celle qui doit par force les exécuter. Si bien qu'avant de les mettre à mort, Paule les mets en mots. Elle écrit pour chacun une biographie et va jusqu'à oublier de s'occuper de son mari qui néanmoins ne lui vole pas dans les plumes. Mais ce n'est que partie remise puisque les humains pas assez humains se transforment  en volatiles.

Pour autant pas question d'en rire, car l'héroïne finit par perdre la boule dans son projet d’exploitation révolutionnaire afin améliorer l’existence des poulets. Le conte devient celui d'une absurdité généralisée : celle d'un monde pris entre son désir carnassier et le besoin de l'effacer. A médtier.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Lucie Roco, Le Chant du poulet sous vide, P.O.L éditeur, mars 2020, 252 p.-, 18,90 euros

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