Claude Royet-Journoud et les corps simples

Toute l'œuvre de Claude Royet-Journoud  met le poème et les mots qui le composent dans leur ambiguïté, leur volatilité au centre de toute interrogation. Le texte place donc lectrice ou lecteur dans "la dramaturgie de ce qui vacille" et donc en notre situation au sein de la langue face au monde.

Ce livre devient l'exploration minutieuse d'états d’émotions par le langage. Le lyrisme du poème n’est plus dans l’ivresse du langage mais dans sa dépossession et l’absence à soi par les jeux aléatoires de la langue.

Néanmoins tout ramène à un point essentiel :  le récit possible du réel. Mais aussi son énigme quand il a recours au poème. D'où l'aspect d'une enquête filée là où le poète recueille des indices et ce jusqu'à à l’intérieur des failles d'un récit.
Elles deviennent son architecture et s'y esquisse une fable.

Le livre monte, de poème en poème, le lit d’une histoire à naître, à découvrir et ce, dans une attention aux moindres mots de la langue, ses articulations, ses prépositions qui détournent le courant. Elles permettent au poème de se reformer dans un espace d'incessantes reconstructions au sein du moindre et de l'accident de parcours qu'annonçait déjà Beckett en ses textes brefs et ses poèmes (trop méconnus).


Jean-Pau Gavard-Perret


Claude Royet-Journoud, L’ usage et les attributs du cœur , P.O.L éditeur, mai 2021, 96 p., 13 euros

 

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