Christophe Tarkos : espaces de l'espèce

Voyageant tant qu'il le put avec un peu de l'horizon, Tarkos nous revient à travers un grand corpus d'inédits. Allant pas à pas / nulle part, tel le héros de Beckett, il vécut son existence en raccourci. Et son écriture devient un laïus pour les temps disparus mais qui nous habitent encore. David Christoffel et Alexandre Mare ont accordé aux inédits de l'auteur  le regard nécessaire.

De telles œuvres naissent enfin à l'existence et recréent un monde radicalement différent par les mots qui en font parie. La langue s'adresse à ce qui n'est pas, à ce qu'elle n'est pas. Elle désigne ce qu'elle ne connaît pas, retient un éternuement, met au besoin tout sous un microscope.
À rebours des histoires réalistes l'ensemble revient ici à l'ordre d'une néo surréalisme dans lequel la poète tente tout et surtout d'attraper la beauté même où nul ne s'attend à la trouver.

Les situations et les temps se bousculent dans ce gros et grand livre aussi profond et touchant que fou et dégingandé. Il devient le monde et l'entropie des choses mais selon un déboitement de "sornettes". C'est donc bien un autre espace littéraire que Tarkos ouvre. Mais nous nous y reconnaissons facilement pour peu que nous soyons capable d'épouser la force d'une écriture et d'en saisir les spasmes.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Christophe Tarkos, Le Kilo et autres inédits, édition établie par David Christoffel et Alexandre Mare, P.O.L éditions, mars 2022, 800 p.-, 32 €

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